TEMOIGNAGE
COMPTE RENDU DE VOYAGE
On m'avait prévenu qu'il y avait une banalisation du tourisme au Tibet et que les guides Tibétains subissaient une importante pression des chinois.
A l'aéroport de Katmandu, je demande au Chinois de la compagnie aérienne des places à gauche dans l'avion pour voir le Chomolungma (Everest pour les touristes). Il ne me donne que des places à droite.
Ce ne sont plus des petits Boeing qui vont au Tibet mais des gros Airbus (bravo Chirac). Sur la couverture du magazine de la compagnie on peut voir une belle icône de Tara blanche alors que depuis la révolution culturelle, jamais la pression n'a été aussi forte sur la religion Bouddhiste. Les Chinois prennent les touristes pour des cons, et ils n'ont pas complètement tort ; car les Tibétains ne peuvent plus avoir de statues chez eux ni de photos du Dalaï-Lama.
J'aperçois peu après des Américaines au monastère de Samié, en short…
Je me souviendrai toute ma vie d'un de mes amis à Lhassa, tête baissée, me disant : "there are so many chineses, they are everywhere". Son père me demande si le Dalaï Lama va revenir. Je suis gêné mais je leur montre des photos du Dalaï Lama et du drapeau tibétain (les chinois ne fouillent pas au corps à l'aéroport). Le Dalaï Lama demande aux Tibétains de rester au Tibet mais mon ami souhaite quitter le pays. Il y a encore 5 ans, c'était supportable mais maintenant ils sont noyés par les chinois. Une amie me demande de prendre ses deux enfants avec moi et de les amener en Inde. J'explique à mes amis que les maires de Briançon et la Grave ont décidé de mettre le drapeau Tibétain jusqu'à la deuxième libération du Tibet, et que le parlement européen se bouge un peu.
A la télé à Shigatsé, le matin, plus un programme n'est en Tibétain.
Les jeunes prostitués tibétaines ont quitté leur Chuba (robe), ont des talons hauts comme à Paris même si elles vivent à 3.600 m d'altitude, dansent la techno en fumant et en m'interpellant.
Je rencontre des guides qui effectivement vont perdre leur travail car ils ont vécu en Inde et qu'ils racontent parfois aux touristes la vérité.
Depuis l'année dernière, Lhassa a changé : de nouvelles avenues, beaucoup de touristes étrangers (chinois et occidentaux), 50.000 colons en plus (?). C'est comme la Tunisie l'été.
J'apprend que l'une des principales préoccupations de l'ambassadeur de France, quand il vient passer ses vacances à Lhassa, est la langue française de Corrèze (comme au Rwanda). Il veut que les Tibétains parlent la langue de Molière. Comme s'ils n'avaient pas d'autres préoccupations.
Je crois découvrir dans un coin du monastère de Drepung un énorme allume-gazinière pour les cuisines. Ce n'est qu'une matraque électrique, du type de celles utilisées pour le vagin des nonnes, ou de mon amie, ou pour la bouche de Palden Gyatso.
Les missionnaires protestants sont toujours là, pignon sur rue, au Pentoc Hôtel, et vendent leurs calendriers tibétains pour l'an 2001 pour récolter des fonds afin de traduire la bible en Tibétain.
Partout il y a des restes de débiles mentaux…
Les raideurs gaulois qui ont participé au Raid Gauloise en avril ont mis des autocollants sur toutes les voitures et vitrines des restaurants pour touristes (pas loin des prisons). En 1942 en France, le Tour de France n'a pas eu lieu que je sache…
Deux européens qui réhabilitent le vieux Lhassa viennent de se faire expulser.
Certaines fêtes religieuses (Sakadawa) n'ont pu se dérouler, pour la 1ère fois en 1.000 d'histoire ! Imaginez que l'on ne puisse plus fêter Noël en France.
Il y a 400.000 habitants à Lhassa dont 100.000 Tibétains et 8.000 putes. Les Chinois peuvent avoir 4 enfants.
Quand j'étais au Norbulinga, le Palais d'été du Dalaï Lama, je me suis demandé si je reviendrais un jour au Tibet. D'ailleurs au Norbulinga j'ai rencontré un ami qui sortait de prison (il y avait passé quelques mois et pleurais en pensant à ceux qui y passent 20 ans) : son seul crime, être Tibétain.
Je suis un peu dur avec les cons que j'appelais ignorants avant. Excusez moi d'être aussi dur mais ne vous inquiétez pas, je vais prendre du recul…