Rédactrice : Jocelyne, le Génie des Alpages
Les écrits des 3 jours précédents ont pris la pluie, alors...
Mardi 6 octobre :
Ce matin la pluie était encore au rendez vous ! Nous avons passé la nuit dans un gymnase à Péage de Roussillon et les tapis de sol étaient les bienvenus. A midi nous avons fait une pause café à St Rambert d'Albon puis nous avons repris la route sous la pluie jusqu'à St Vallier où nous avons été accueillis par les élus. Un pot d'honneur nous a été offert. Aileen, une Irlandaise au grand coeur nous a abordé puis elle est venue jusqu'au lieu où nous devions dormir : "la maison pour tous". Guitare en main, elle a accompagné nos chants une partie de la soirée... Palden Gyatso a, quand à lui, eu une interview au téléphone avec Free Asia. (radio la plus écoutée au Tibet)
Mercredi 7 octobre :
Aujourd'hui le réveil a été dur, heureusement l'étape était courte : 13 kms. Nous avons déjeuné à Serves chez Aileen où un repas copieux nous attendait. L'après-midi, nous étions inquiets de l'accueil que nous réserverait la ville de Tain l'Hermitage. Finalement, le maire a reçu Palden avec une délégation de la marche. Il s'est engagé à écrire à Jospin et Chirac pour leur demander de soutenir notre cause.
Pour le coucher, les habitants de Larnage se sont gracieusement proposés et je souligne le fait que le maire lui même est venu nous chercher pour nous amener à une salle où nous avons été très cordialement reçus. Les habitants nous avaient préparé à manger (potage, pâtes, rôti). Il est à signaler que cette commune a parrainé des villages en Roumanie et qu'ils sont donc sensibilisés par les problèmes humanitaires. J'ai passé la nuit chez une charmante institutrice de Clavaison qui se nommait Danièle Rochette et que je tiens à remercier ici.
Jeudi 8 octobre :
Nous avons quitté Clavaison et sommes retournés à Larnage pour le départ officiel et montré ainsi notre gratitude à ces gens exceptionnels.
Ce matin l'étape a été dure pour moi, le mal au dos commence à se faire sentir...
Fanchon et Béate, nos cuisinières nous ont préparé un bel accueil à Pont d'Isère. Une grande tenture représentant le Panchen Lama était tendue et André Larivière, le Québecois (marcheur), en a profité pour sortir sa superbe bannière arc-en-ciel. Son accent incomparable donne une touche d'éxotisme à la marche, et ses plaisanteries à froid nous ravissent le coeur.
Annecdote du jour : André a soudain été pris d'un clopinement intempestif dû à un caillou entré dans sa sandale, et comme sa démarche était bien rythmée nous avons appelé cela "la danse du caillou"...
Un journaliste de Radio France Drôme est venu interviewé Palden, mais Geshe La était fatigué : seule une partie a pu être traduite. A 14h05 ils ont été appelés pour une interview avec Voice Of Tibet. Il est à noter que jusqu'ici, toutes les mairies ont accepté de faire les parrainages de prisonniers politiques, et aussi que la marche est couverte quotidiennement par le Dauphiné Libéré mais les changements de départements ne nous permettent pas d'acheter la presse nous concernant. A Bourg-Les-Valence, nous avons été mitraillés par les journalistes. Arrivés à Valence, nous n'avons pas été reçus par le Maire (pour raison d'emploi du temps). Nicolas ayant installé son stand (boutique), cela a attiré la population parmi lesquels 3 Chinois venant de Shanghaï. Au départ ils utilisaient la langue de bois mais après la venue de Palden, leurs discours ont changé et sont devenus plus humains. Ensuite, nous sommes allés dormir dans un gymnase et Roger (Charret) nous a quittés là.
Vendredi 9 octobre :
6h30, réveil original par un concert à la guimbarde du soliste réputé : Mathieu. A 7h, Radio France a annoncé notre arrivée prochaine à La Voulte, le but de notre marche, ainsi que notre itinéraire.
9h15, il fait beau. Christian et moi avons fait un tour du stade, drapeaux en main, en attendant le départ d'Hélène, de Catherine et de Jean-Jacques.
13h30, pause repas peu avant Charmes. Nous avons chanté sur la route avec André :
"mon père n'a plus que 5 poulets,
marchez au pas, accélerez,
Car il en avait 30,
ll allongez la jambe, Il allongez la jambe, la jambe
Car la route est longue...etc... " BIS
Et c'est sur ce texte, plein de conviction et d'humanité que nous avons traversé le Rhône en troquant la Drôme contre l'Ardèche...
17h30, le Maire nous a offert un apéritif dans un bar à côté de la mairie et il a lui aussi de faire un parrainage.
Le soir, nous avons eu un diaporama à la salle des fêtes organisé par les époux Guillemenot, suivi d'un questions-réponses consistant. Nous avons dormi là, dans la joie et la bonne humeur.
PS : Mathieu a rencontré Mme le Maire de Die aujourd'hui à Valence, qui est également conseillère régionale à la Région Rhône-Alpes et qui est en plus déjà engagée pour la cause tibétaine. Elle a donné un message de soutien aux marcheurs, et ce message a été retranscrit dans le Livre d'Or. D'autre part le maire de Valence a reçu une délégation de la marche et il a soutenu officiellement la marche et ses objectifs politiques au nom de la ville de Valence.
Dimanche 11 octobre : Etape Cruas - Le Teil
Dans le gîte médiéval de Cruas qui domine la centrale atomique, j'ai dormi à même le sol. Certains d'entre nous comme Mathieu, Nico, André... ont préféré pour les uns la petite chapelle pour les autres un trou de verdure à la belle étoile.
Au petit matin en faisant des photos des ruines du site j'ai rencontré le trésorier du syndicat d'initiative qui m'a expliqué que la découverte des cryptes de l'abbatiale ne date que d'une vingtaine d'années et que celles-ci donc sont conservées d'une manière tout à fait exceptionnelle. J'ai également pu remarquer qu'il se basait sur la fumée de la centrale pour prévoir le temps. La centrale ici est très importante pour la restauration du site.
Par la suite, 10 personnes se sont jointes à nous pour la journée. Nous avons fait une halte déjeuner près de la "Roche Noire" après Meysse.
Près de la mairie de Le Teil où nous n'avons pas été reçus, nous avons pris un pot en fin d'après-midi. Nous avons déposé nos sacs dans un gymnase d'un quartier HLM. Les enfants étaient très accueillants. Le soir, nous avons un diaporama à Ménas. Il y a eu une légère montée de tension au sein du groupe.
A la sortie, il pleuvait...
Lundi 12 octobre :
Ce matin, 6h45, nous avons eu droit à nouveau à un concert solennel de Mathieu à la gimbarde. Il fallait quitter les lieux avant 8h00. On a pris le petit déj' dans un coin de gazon oublié par la voracité des bâtiments tristes et noirs de la cité.
De retour à Le Teil, une délégation a été reçue par la mairie. On est parti à 10h45 pour s'arrêter à 12h30 à côté de Vivier. Kunga, le doyen tibétain de 71 ans n'a pas l'air fatigué, Gueshe La non plus. Nous avons fait la halte déjeuner près de Vivier, où Aileen nous a rejoint avec sa guitare.
Vers 17h00, nous avons été reçu par le maire de Chateauneuf du Rhône. Il a dit qu'après délibération en conseil il soutiendrait ou non la cause et parrainerait ou non un prisonnier politique tibétain.
Le soir nous avons déposé nos sacs et bu un apéro avec les adjoints dans la salle polyvalente mise à notre disposition. J'y ai trouvé un chien, "Mitsou", mascotte d'un soir que j'ai ensuite rendu à son propriétaire.
Durant le repas, nous avons eu une triste nouvelle, par rapport au fils de Mme Rouchette, et nous la saluons tous ici. Nos pensées sont avec elle.
Annecdote du jour : Gabrielle a été obligée de me tenir lorsqu'on a traversé le Rhône cet après-midi car j'ai failli sérieusement m'envoler à cause du mistral qui soufflait très fort... on ne rit pas !
Mardi 13 octobre : étape Chateauneuf du Rhône - Pierrelatte
Ce matin, nous nous sommes réveillés sans stress dans la salle polyvalente. L'étape jusqu'à Pierrelatte se faisant exceptionnellement en voiture, nous avons eu un peu de temps. J'en ai profité le matin pour faire un peu de lessive et pour écrire avec "Marie Gabrielle de Savoie" et Nico une lettre de sympathie à Danièle...
Après un briefing rapide (comme de coutûme, tous les jours) nous avons déjeuné sur l'herbe. Durant l'après-midi, Gueshe La a joué avec une balle de tennis en compagnie de Christophe (dit "le beau ténébreux") et de Jigmé (dit "le moine fou").
Par la suite, les voitures ont fait la navette pour nous transporter jusqu'à Pierrelatte où l'ambiance était assez chaude : les manifestations des lycéens venaient d'avoir lieu. A cause d'un "emploi du temps surchargé" la mairie n'a pas voulu recevoir officiellement les marcheurs. En fait une délégation est alllée à la rencontre des élus, mais de manière tout à fait officieuse. Nous avons distribué des tracts et déployé une grande banderolle sur les Droits de l'Homme devant la mairie. Enfin, nous avons quitté les lieux pour rejoindre un village à la fois charmant et accueillant : St Paul les Trois Chateaux. Pour ne pas rompre la tradition de ces derniers jours, je dirai tout simplement que nous avons eu un pot d'honneur suivi du repas et qu'ensuite nous avons dormi dans le gymnase du Pialon.
Annecdote du jour : A midi, Gabrielle nous a privé d'apéro à cause de sa "mémoire défaillante"... et le soir nous a privé d'eau chaude suite à une douche que je qualifierai "d'abusive"!!! (clin d'oeil).
Mercredi 14 octobre : St Paul les Trois Chateaux - Pont St Esprit
Le mistral souffle très fort, et il aurait tendance à nous faire avancer plus vite !
Arrivés sur la place de l'Hôtel de Ville, nous avons écouté Radio M qui diffusait une interview de Gauthier et de Nico... Puis Didier nous a lu quelques pages du "Feu sous la Neige" (Palden Gyatso) et nous sommes partis pour rejoindre "La Palud" aux alentours de midi et demi. Le vin d'honneur nous attendait et l'accueil des élus fut très cordial.
J'ai fait la connaissance d'Ethel, jeune femme tout à fait sympathique, issue de St Paul, et qui nous a rejoint d'une manière originale : elle s'apprêtait à faire le rituel de TCherenzig (rituel bouddhiste tibétain) lorsque par la fenêtre, la vision d'un drapeau tibétain attira son attention. Voyant un signe dans ce fait insolite, elle nous rejoignit à la salle municipale. Elle a donc décidé de marcher avec nous ce matin jusqu'à La Palud.
A la fin du repas, André nous a lu un superbe conte. Ensuite nous avons marché jusqu'à Pont St Esprit où une délégation a été reçue officiellement.
Par la suite nous nous sommes rendus à l'ancienne caserne de Pépin, notre lieu d'hébergement. Le soir, nous avons fêté l'anniversaire de notre chère Gabrielle ; j'ai même, dans ma fougue, cassé le ressort d'entrainement de mon Minolta... ensuite, nous avons blagué jusque tard dans la nuit...
Certains ont essayé de rompre la routine en allant boire un verre mais la caserne Pépin portant bien son nom, il leur fut impossible de sortir car les portes donnant sur l'extérieur étaient fermées...