Le Tibet est une prison.
Le Tibet historique a une superficie de 3 500 000 kms
² (7 fois la France)
Une prison de la taille de lEurope occidentale !
!
6 millions de prisonniers. Essayons de les
libérer.
Je mappelle « Freedom Fighter », je
viens de passer 2 ans au Tibet. Je suis arrivé fin
1995.
Je vais vous parler de ce que jai vécu ,
cest un devoir pour moi.
Je souhaite commencer en pensant quelques instants
à tous les prisonniers chinois. Ils sont 3 fois
plus nombreux que les Tibétains. La Chine est une
prison. Une prison pour les âmes.
Je vais décrire les atteintes aux droit de
lhomme et de la femme :
Au niveau santé, rééducation du
clergé, des loisirs, de la culture en
général, architecture.
Tout ce que vous lisez est vrai. Jen ai les
preuves.
Il n'y a aucune éthique médicale au
Tibet. Les chirurgiens s'entraînent parfois sur des
Tibétains.
Si un Tibétain na pas dargent et
quil tombe malade, il est mal barré.
Et comme les Tibétains sont pauvres, la
situation est difficile.
Il y a 4 hôpitaux à Lhassa :
Le City hospital : caution de 750 F pour les
hospitalisations.
Le Regional hospital : caution de 1500 F
Lhôpital des maladies infectieuses : 2250
F de caution.
Et un hôpital de médecine
tibétaine ; je ne connais pas le prix.
Un docteur village touche 24 F par mois.
Pas de caution = pas dhospitalisation = mort
parfois.
Les gens le savent et ne se déplacent
même plus. Ils savent quils seront
refoulés. Ils meurent. A 10 ans, 20, 30 ,60 ans.
Lespérance de vie est à mon avis de
54 ans. Les femmes de la campagne accouchent sur la
paille , seules, près des animaux. Pas
daccoucheuse traditionnelle. La mortalité
est importante (infantile comme maternelle).
Il y a des campagnes de stérilisations
forcées ou conseillées.
Des femmes racontent que dans le village
régnait une odeur fétide de ftus
jetés dans les toilettes. Si elles ne venaient
pas, on emprisonnait leur mari.
Les 2 seules opérations auxquelles il ma
été donné dassister dans
lhôpital où j'ai pu rentrer sont des
opérations de la cataracte pour les vieux et la
stérilisation pour les femmes. Elles
nétaient peut être plus
complètement forcées, comme avant mais
certainement conseillées, proposées.
Le médecin tibétain que je connaissais
na pu venir à une fête que
j'organisais car il était en campagne de
stérilisation à Shubu dans le comté
de Nimu à 150 km à louest de Lhassa
en novembre 1997.
Une infirmière tibétaine avec qui je
souhaitais sortir boire un verre ma répondu
quelle partait un mois à Nakchu (à
120 km au Nord de Lhassa) pour une campagne de
stérilisation accompagnée de 4
médecins du «Regional hospital de Lhassa
».
Toutes les méthodes contraceptives sont
disponibles. Il y a 80 millions de stérilets dans
le monde,60 millions en Chine.
La femme d'un médecin de Village a un implant
sous-cutané au niveau du bras. Elle vit en pleine
montagne. Cest une opération faite sous une
stricte asepsie en Europe. Au Tibet cest sous une
tente pendant une campagne de promotion. Une dizaine de
femmes ont cet implant dans ce village. Dans chaque
village il y a une « women federation » qui
contrôle , réprime, mais ne fait pas de
promotion en faveur de la vie, ou si peu. Jamais je
nai vu un tel déploiement de méthodes
contraceptives au monde. Les femmes ont le droit
davoir 3 enfants dans les campagnes, 2 à
Lhassa et 1 si elles travaillent pour le gouvernement.
Elles doivent donner le bon exemple. Si elles
dérogent à la règle : amende de 400
francs. Les enfants en sus ne sont pas enregistrés
et ne peuvent obtenir aucun poste de fonctionnaire.
La vaccination marche assez bien, surtout la
chaîne du froid. Inutile de monter au-dessus de
4000 mètres : lombre et le froid sont
efficaces.
Si je vous raconte tout cela, cest parce
quavant ce nétait pas mieux où
même pire, mais quaujourdhui des
délégations étrangères
visitent le Tibet, et on leur vante le système de
santé chinois mis en place pour aider les
barbares, incultes, pauvres, soumis, anciens esclaves
tibétains.
On dit à ces délégations que
lhôpital est gratuit. La différence
est que la situation était acceptée avant
et quaujourdhui elle est imposée. Je
ne crois plus les Chinois .
Aujourdhui encore, on brûle des offrandes
au Tibet pour que la fumée chasse les mauvais
esprits. On consulte un Lama qui priera pendant 2 heures
pour soigner un abcès dentaire. Rarement
lamji (le docteur) sera appelé dans la
maison où un enfant malade souffre, de peur
quil amène avec lui des mauvais
esprits
lenfant guérira seul ou ne
guérira pas.
Les prostituées sont légions à
Lhassa., elles sont regroupées dans un premier
temps à Chengdu puis envoyées contaminer
les soldats chinois et le tibétains. Elles sont
subventionnées par le gouvernement . On les aide
à venir au Tibet (transport gratuit ou peu
onéreux). Une enquête faite sur place montre
leur grande ignorance face au HIV. Elles racontaient
début 1997 ne pas être au courant de
lexistence du virus, ou ne pas être en mesure
dimposer les préservatifs à leurs
clients. Certaines pensent que le HIV vient des
étrangers. C'est ce qu'on enseigne toujours
à l'école de médecine
Les
premiers cas de séropositivité sont apparus
en 93 selon un médecin, en 1997 selon mes sources.
En octobre 1997 pour être plus précis.
Je pense que le 1er problème du Tibet
aujourdhui cest les Chinois, puis les
hépatites et le HIV. Cest pareil.
En ce qui concerne léducation, je ne suis
pas le mieux placé pour en parler mais je sais
:
Que les enfants ne peuvent plus porter dhabits
tibétains à lécole.
Que le chinois est la première langue en
primaire, la seule dans le secondaire.
Que les enfants ont des survêtements uniformes
à Lhassa.
Que les professeurs reçoivent entre 3 et 6 mois
de formation contrôlée, tout est
contrôlé.
Que les écoliers doivent composer des
rédactions contre le Dalaï Lama.
Quils paradent dans la cour de
récréation et dans les rues avec des
drapeaux, des drapeaux rouges.
Quils doivent amener leur chaise, leur table,
réparer les carreaux des vitres des salles de
classes sils sont cassés.
Sils nont pas la carte
didentité de Lhassa, ils ne peuvent pas
sinscrire dans les collèges. A moins de
payer, payer, payer
Largent est roi, la
corruption fait rage.
Cest un véritable génocide
culturel. Tout ce qui a trait à la culture est
sinisé . Regardez autour de vous, dans votre
pièce, dans la rue, tout ce qui pour vous
évoque la culture, votre sentiment
dappartenir au peuple français ou anglais ou
je ne sais quoi et dites-vous quau Tibet cest
sinisé sournoisement comme vous verrez plus
tard.
Les téléphones mobiles ont
remplacé les prières. Les Harley Davidson
version chinoise (sous licence américaine) ont
chassé les chevaux, les mitraillettes en plastique
les frondes pour diriger les troupeaux.
Le Tibet meurt dans lindifférence. Depuis
1995 la situation est pire encore. On est revenu à
une atmosphère de révolution culturelle. La
délation
Les jeunes écoliers dessinent dun trait
averti la calligraphie chinoise le soir à la
maison. Ils savent que de leur connaissance de la langue
de Mao et de leur application à reproduire les
milliers de signes chinois dépend leur avenir dans
le Tibet chinois. Des centaines de jeunes
Tibétains sont ainsi envoyés, chaque
année, se former en Chine pendant des
années à la médecine, la
littérature, les langues pour les stupides
touristes. Ils reviennent avec un il, une oreille
sinisée. Ils ne peuvent plus écrire le
tibétain , sexprime mieux en chinois.
Quest ce qui représente le plus une culture
que sa langue ?
Je me suis surpris à compter en chinois
à la fin de mon séjour. Cest la
première langue qui sortait de mon inconscient
jauni. Excusez moi de ne pas avoir témoigné
plus tôt. Nous sommes pris dans le flot. Nous
préférons aller au bowling ou en
discothèque plutôt quécouter
les vieux nous chanter lhistoire ancienne de leur
contrée meurtrie.
Le clergé, les monastères et les
temples.
Un Lama a demandé à un jeune moine ce
que représente pour lui la fonction de moine au
Tibet. Il n'a pas pu répondre car lhabit ne
fait pas le moine. On raconte que certains ont des
pistolets, certainement des téléphones
portables. Un tibétologue, théologien a dit
: « leTashilumpo, le monastère du Panchen
Lama, est vide de sens ».
Jai arpenté pour la première fois
les escaliers et les couloirs ombrés du Potala
pour aider un moine qui souffrait
dépistasie. Il saignait du nez car les
Chinois avaient organisé une course du bas du
Potala au sommet. Le premier gagnait un thermos. Mon
"patient" navait terminé que 3ème. Il
a gagné une consultation en échange
dune entrée gratuite au Potala.
Le parti communiste athé jusquà la
moelle après avoir emprisonné Nyma, le vrai
Panchen Lama, un enfant de 6 ans, a transformé
tous les monastères en unités de travail.
Chaque établissement est donc surmonté
dun terrible drapeau rouge sang qui marque, menace,
intimide, rabaisse les moines et les nonnes du Tibet. On
entre dans ces lieux sacrés en passant près
dune plaque dorée qui explique certainement
que lon pénètre dans tel ou telle
unité de travail , et quon doit cesser de
prier le dimanche, quils doivent planter des arbres
comme tout le monde, faire de lexercice, payer des
taxes et obéir au parti. Sur 100 moines, 50 sont
espions, 30 des enfants sans aucune connaissance et 20
sont des vieux résistants
Lorsque Y. et moi-même allions admirer 2 fois
par semaine le lever du soleil sur le Potala du
monastère de Sera notre esprit était envahi
par la propagande et la musique chinoise qui braille
chaque matin les mensonges du parti. Quel réveil
pour la cité des Dieux.
Ils nous ont volé notre silence.
Même dans les villages les plus reculés
les hauts parleurs braillent.
Silence on rééduque ! ! ou plutôt,
on hurle encore plus fort que les cris de douleur des
nonnes torturées à quelques
mètres.
Nous avons dormi à quelques centaines de
mètres de la plus grande prison du Tibet.
On a creusé dans la montagne la dernière
demeure de certains prisonniers. Car on y échappe
pas : Il ny a quune sortie. On peut
exécuter sans témoin. Les cris se perdent
dans les profondeurs du sol, de la montagne.
Cette terre sacrée qui doit rester
inviolée pour les Tibétains.
Vue aérienne de la prison de
Drapchi
Nous avons dormi près de Drapchi. La prison de
Lhassa... Elle existait déjà au temps ou
les Hans ne noyaient pas Lhassa. Pardonnez moi de ne pas
avoir voulu entendre les cris, les souffrances du
Tibet.
Ils nous ont aussi volé notre ciel bleu
à Lhassa. Depuis 1997, il est pollué.
4 mois après avoir quitté le
Tibet jai réalisé que je sortais de
lenfer, toute ma vie je me battrai pour le Tibet,
je nabandonnerai jamais, jamais.
Au Tibet, il y a 20 missionnaires. Ils sont
américains. Il y a aussi une danoise. Ils
traduisent la bible en tibétain. Ils enseignent
langlais à travers la bible. Lun de
leur dossier dit : « and now it is time for Tibet
» (et maintenant cest le tour du Tibet
)
Ils sont les vrais patrons du Puntock hotel devant le
snowland hotel. Ils ne vont jamais au Jokhang. Ils font
des bébés. Ils se multiplient à
Lhassa. Ils enseignent langlais à
luniversité de Lhassa. Ils jouent de la
guitare à Noël et à Pâques
à la gloire de Dieu et de Jésus. 2 enfants,
fils de missionnaires ont vu une tanka dun bouddha.
Ils sont partis en courant en disant « cest le
diable ».
En 2001, tout le vieux village de Lhassa aura
disparu. Ils rasent tout. Lhassa est une grande ville
chinoise.
Le Tibet est une immense prison grande comme
lEurope occidentale. Cest à mon avis,
et cet avis est partagé par des Tibétains,
une poudrière. Les gens nen peuvent plus ;
ils sont au bord du soulèvement. Je vous rappelle
quil y a déjà eu 1 200 000 morts.
Même à des niveaux élevés de
responsabilités au sein du gouvernement
tibétain de la région « autonome du
Tibet », les gens en ont marre. Mais ils doivent
« collaborer » pour rester en vie.
PLA= people liberation army
Larmée populaire de libération.
Une libération qui a coûté la vie
à 1 200 000 tibétains . On sen passe
dune pareille libération .
Tous les noms des rues de Lhassa ont
étés sinisés. Je suis passé
à Eastern Liberation Road. La route de la
libération de lEst.
Il y avait une route qui sappelait route de la
joie(happy road). Elle sappelle aujourdhui
route de Pékin.
Lhassa cest un grand karaoké
chinois, avec des vidéos chaudes!!!!!
Imaginez le Vercors ou l'Auvergne sans arbre :
la déforestation de l'Est du Tibet est
massive.
On ne parlera plus tibétain dans 15 ans
à Lhassa. L'écrit a pratiquement disparu.
Il faudra chercher pour trouver un Tibétain.
Pendant le grand bon en arrière de Mao, la
famine faisait rage. Les prisonniers infectés par
des vers étaient atteints de diarrhée: ils
nettoyaient les vers et les mangeaient.
L'université est contrôlée.
La télé et contrôlée.
Les belles nomades de l'Amdo sont forcées de
chanter en chinois.
On mélange, on divise, on sème le
trouble, on abrutit, on sinise.
Les moines prisonniers doivent chanter l'hymne chinois
chaque semaine pendant la montée du drapeau rouge
sang...
Ils se révoltent, on les tue.
Les touristes ne voient rien.
Un drapeau tibétain au Tibet = au moins 12 ans
de prison.
Je n'ai pas pu sortir de prison, pardon du Tibet ,
à cause d'une tempête de neige.
Un mois plus tard j'apprenais que pendant cette
tempête, six tibétains âgés de
trois à seize ans avaient péri morts de
froid à 5600 m d'altitude. Au Nangpa la, à
la frontières tibéto -népalaise.
Leur parents savaient qu'ils avaient peu de chance de
les retrouver une fois au Népal ou en Inde.
Ils ne les retrouveront jamais. Ils espéraient
que leurs enfants recevraient une éducation
tibétaine derrière lHimalaya. C'est
loupé.
Les survivants de cette tragédie ont
été amputés.
Soixante dix guides touristiques tibétains ont
été expulsés de leur agence de
tourisme du jour au lendemain.
A la place les Chinois mettent des guides chinois.
97% des Tibétains en ont ras le bol.
Cela fait quatre mois que je suis rentré et je
maperçois à quel point les gens ne
savent pas ce qu'il se passe vraiment là haut.
Même à des niveaux élevés
de responsabilité au sein du gouvernement
tibétain de la région "autonome" du Tibet
les gens en ont marre. Mais ils doivent collaborer pour
rester en vie.
Pendant deux ans et demi je nai vu que
destruction du vieux Lhassa. Les chinois remplacent les
vieilles maisons tibétaines par dhorribles
immeubles avec sanitaires et points deau tout aussi
déplorables.
La spéculation immobilière bat son
plein.