Ou
peut-être aurais-je dû tout simplement reprendre l'excellent titre de
la pub pour Time Magazine actuellement placardée sur les bus : " National
Security versus Common Sense "… Car le moins que l'on puisse dire est
qu'ici chez Uncle Sam, au nom du premier, on semble avoir totalement perdu
toute notion du second…
Les Américains s'affichent : " Stars and stripes " à
toutes les sauces
Le
sursaut nationaliste du peuple américain qui a suivi " nine eleven " (ainsi
qu'on appelle ici les attentats du 11 septembre 2001) a été si spectaculaire
et unanime qu'on en a tous eu écho, même de fort loin à l'étranger. Et
pas seulement dans le discours du président, mais chez tous les Américains.
A San Francisco, même si, de l'avis de tous, ça n'a rien à voir avec la
même époque il y a un an et surtout avec d'autres coins en Amérique plus
" profonde ", on en découvre encore des traces au hasard des rues : il
y a nettement plus de grands drapeaux que dans mon souvenir, accrochés
flottant au vent, au-dessus de l'entrée des maisons. Une affiche avec
un stars and stripes sous-titré d'un " Proud to be an American "… dans
un restau thaïlandais ! Quelques rares " God bless America " aux fenêtres,
et même encore quelques affichettes avec gros drapeau " In memoriam, September
11, 2001 ", " We will never forget " et " United we shall stand " dans
les halls d'entrée des immeubles, sur le pot de crayons des commerçants
ou sur la porte des stations service. En se baladant dans le quartier
financier de Frisco, on voit encore également quelques sièges de grosses
corporations du conseil et de la finance, comme Charles Schwab et McKesson,
qui n'ont pas osé décrocher l'immense drapeau tendu au-dessus du logo,
dans l'entrée… Bank of America en revanche a tout de même changé l'hymne
national qui avait été programmé comme musique de mise en attente sur
son standard téléphonique…
L'élan nationaliste post-nine eleven s'est donc un peu tassé aujourd'hui.
Mais de manière générale, beaucoup de drapeaux yankees. Tous ces petits
drapeaux avec sous-titre patriotique sont téléchargeables sur Internet,
et le plus souvent simplement imprimés sur une page et scotchés sur les
fenêtres, la vitre arrière ou de côté des voitures ou dans les vitrines
des magasins. Comme les portraits de Massoud à Kaboul, tiens : à chacun
son martyr et sa blessure… Le dernier modèle en date, c'est la photo des
7 cosmonautes de la navette Columbia, décédés en rentrant dans l'atmosphère
il y a peu, tous en combi bleue à la place des étoiles du drapeau, avec
le commentaire : " thank you for trying ", que certains commerçants affichent
civiquement durant la " national mourning week ".
Mais le plus souvent ici, le drapeau est plutôt associé à un petit message
sur le thème en vogue du moment : la guerre. La guerre contre l'Irak,
précisément… Car tradition oblige, les San Franciscains sont contre la
guerre, contre toute guerre, quelle qu'elle soit. Ce sont les enfants
d'Aphrodite, les inventeurs du " peace and love ", et héritiers du " summer
of love " de 69 : une génération plus tard certes, mais c'est désormais
imprégné dans la culture de la ville : des jouisseurs pacifistes qui ont
encore une fleur au coin de la bouche… Profondément démocrates, ils sont
surtout farouchement contre Bush, et tout particulièrement " W ", ce texan
inculte et ignare, simpliste et réactionnaire, qui leur fait honte et
les révolte, dont la politique humilie et ridiculise l'Amérique. Les Californiens
n'ont jamais aimé les Texans, qu'ils ont toujours tournés au ridicule.
Mais là, c'est le pompon ! Ils n'avaient pas voté pour lui, et ils n'ont
pas peur d'afficher bien haut ce qu'ils pensent de sa politique, mais
aussi de sa personne : ils n'ont pas de mots assez durs pour le qualifier...
La hargne -voire la haine- saisie au hasard des conversations dans le
bus ou dans la rue ne peut que surprendre ! Sur la plupart des vitres
de San Francisco, sous le drapeau imprimé devenu obligatoire, ce sont
donc plutôt les messages suivants qui fleurissent sous les obligatoires
petits drapeaux : " regime change begins at home ", " save american lives
by stopping US agression abroad ", " inspections work, war won't ", "
this home votes democrat ", etc… sans oublier bien sûr le simple " NO
WAR " qui pullule partout, écrit simplement au feutre sur un papier scotché
ou même à la craie sur les vitres de voitures… Le message est clair. San
Francisco était la base arrière de l'armée sur le front pacifique, à l'époque
des conflits contre le Japon, la Corée, et surtout le Vietnam, alors pas
question de se relancer dans une guerre coûteuse et inutile.
Et pourtant… ils ont peur !
A
San Francisco, la population est en grande majorité éduquée, ouverte,
intelligente, dotée d'un minimum d'esprit critique, en tout cas, plus
nettement plus tolérante et éclairée que la moyenne. Ils se cultivent
et lisent beaucoup, mais malgré leur désaccord total avec la politique
du gouvernement, ils n'échappent guère à l'outrageuse propagande actuelle,
et même les plus critiques finissent par céder à cette atmosphère totalement
glauque, dans l'angoissante attente d'une guerre à la justification et
aux motivations pas claires, mais qui en tout cas ne manquera pas de démarrer
prochainement… "
America the anxious " titrait le Time cette semaine, " a nation on the
edge ". Les Américains ont peur. Peur de la guerre. La guerre qui vient.
Qui semble inévitable. Ils n'arrêtent pas d'en parler. Spontanément, dans
la rue, dans le bus, au détour de toute conversation.
Le 7 février, jour de mon arrivée sur le territoire américain, la " terror
alert " a été officiellement augmentée d'un degré : elle est passée de
jaune à orange. Juste en dessous du niveau d'alerte maximum. Big deal
! Il paraît que la CIA avait capté des conversations laissant penser à
l'imminence de nouveaux attentats. De quoi aggraver encore un peu le traumatisme
et la paranoïa d'une population déjà sous pression…
L'ombre de la guerre plane dans tous les esprits, rend frileux, maussade,
pessimiste, voire catastrophiste.
Ce n'est pas une blague : même les plus cartésiens, les potes français
qui vivent là depuis des années, se laissent ronger petit à petit par
cette angoisse ambiante.
Claudia, future mère hispano-américaine, pleure en se demandant s'il est
bien raisonnable de mettre au monde un enfant aujourd'hui.
Les pères tremblent pour leur famille. Ils annulent leurs voyages. Plus
personne ne veut prendre les compagnies d'aviation américaines, trop peur
d'un attentat ou d'un détournement…
Lysiane craint de perdre son emploi car la chef d'entreprise, néo-zélandaise
qui vient d'avoir une petite fille, veut aller se réfugier avec elle à
l'abri dans son île natale, loin des menaces terroristes sur l'Amérique.
Bénédicte, même Bénédicte, mentionne au détour d'une phrase qu'elle va
acheter des réserves de nourriture. Comment ça ? Mais tu crains quoi,
enfin ? En quoi le fait d'avoir 10 paquets de pâtes d'avance va-t-il réduire
les risques ? En quoi ta vie de tous les jours risque-t-elle d'être touchée
par ce qui va se passer à l'autre bout de la planète ?
La mère de Hisham, un ami marocain qui finit ses études d'architecte à
San Francisco, l'appelle de Casablanca tous les deux jours, paniquée de
ce qu'elle entend sur CNN, pour vérifier s'il a bien calfeutré ses fenêtres.
Comment ça, calfeutré ses fenêtres ?
C'est du délire…
Consignes et recommandations en cas d'attaque terroriste…
Renseignements
pris, effectivement, l'administration a bien donné des consignes, par
le biais du " Department of Homeland Security " et de son grand manitou
: Tom Ridge. Vous n'avez jamais entendu son nom à l'extérieur, mais ici,
tout américain écoute attentivement chacune de ses déclarations. Elles
sont apparemment relayées bruyamment à la télé sur CNN mais on peut sans
problème trouver la liste précise des recommandations sur Internet (allez
donc vous-mêmes jeter un œil, ça vaut le coup : www.dhs.gov/dhspublic
)
Voici donc comment vous préparer à la prochaine attaque nucléaire ou bactériologique
qui ne manquera pas de s'abattre sur VOUS, peut-être dans les jours qui
viennent ! Un véritable parcours du combattant, au jeu de rôle grandeur
nature du bon citoyen américain ; c'est digne d'un plan de sécurité d'ONG
humanitaire en zone de conflit ouvert ! Oyez oyez :
- Gardez
à portée chez vous les besoins en eau et alimentation pour 3 jours,
un kit d'urgence pour la maison et la voiture, des radios avec des piles,
des bâches en plastique et des bandes adhésives pour calfeutrer les
portes et fenêtres (nda : si si, nous y voilà !)
- Constituez
un " kit de survie en cas de désastre " et gardez-le prêt dans un endroit
désigné où il suffira de le saisir pour partir d'urgence. Ce peut être
un sac à dos ou un petit sac de sport et il doit inclure : des bouteilles
d'eau, de la nourriture qui se garde et des fournitures d'urgence.
- Constituez
également un kit de premier secours, avec l'aide d'un médecin ou pharmacien,
avec une petite avance de médicaments sur prescription si vous en prenez,
et une paire de lunettes supplémentaires si vous en portez.
Après
le 11 septembre, Bush avait encouragé les citoyens américains à continuer
à faire du shopping (il reste encore dans quelques vitrines du quartier
financier -décidément le plus civique ! - quelques affichettes " America
: open for business " avec un drapeau en forme de shopping bag, soi-disant
pour montrer aux terroristes qu'ils n'ont pas réussi à démoraliser et
atteindre l'économie des US. Bof, ça n'avait pas vraiment marché…). Mais
cette fois-ci, c'est donc carrément une liste de course détaillée qui
est communiquée ! Je continue donc la liste des instructions :
- Etablissez
un plan de communication pour contacter les membres de votre famille
en cas d'urgence, et donnez copie de la liste des numéros de chacun
à chaque membre de votre famille
- Identifiez
deux lieux de rendez-vous : un à côté de la maison, et l'autre dans
un autre quartier au cas où le vôtre serait inaccessible
- Organisez
un abri à l'intérieur de votre maison (nda : où se réfugier en cas d'attaque
chimique ou biologique) : une pièce centrale avec peu de fenêtres et
pas d'accès extérieur ou par exemple en sous-sol ; c'est là qu'il faudra
laisser les kits de survie (sans oublier des réserves de sacs plastiques
comme poubelle, et jeux ou bouquins au cas où vous seriez là coincés
plusieurs jours)
- Renseignez-vous
sur les plans de réponse à l'urgence de vos employeurs, écoles, crèches
et autres organisations. Où seraient évacués les employés et les étudiants
? Ecrivez les réponses et conservez une copie dans votre portefeuille.
- Vérifiez
que vos polices d'assurance vie, habitat, santé et autres sont à jour,
et relisez leurs termes et conditions. Conservez des copies de ces contrats
et autres documents importants (identité, avoirs, testaments, un peu
de cash) dans une boîte étanche
- Prévoyez
un plan pour vos animaux, vu qu'ils ne seront pas admis dans les abris
publics
- N'annulez
pas vos évènements prévus ou projets de voyage et déplacement
- Soyez
particulièrement attentif à votre environnement et aux évènements qui
se passent autour de vous
- Renseignez-vous
sur les différents types d'attaques pour savoir quoi faire en cas d'urgence
(sic !)
Cette dernière
recommandation m'avait laissée perplexe : comment diable peut-on se renseigner
sur tous " les différents types d'attaques " possibles, alors qu'on a
bien vu qu'il ne semblait servir à rien de se préparer, vu que la créativité
des terroristes en matière d'attentats semble ne connaître aucune limite
? Mais ce n'est pas l'avis du gouvernement yankee, qui a pour objectif
d'éduquer tous ses citoyens en les initiant aux dernières techniques terroristes
-à se demander d'ailleurs si ça ne va pas plutôt justement donner des
idées à certains…
Une grande campagne d'information et de sensibilisation vient donc d'être
lancée à grand renfort de trompettes : Comme les opérations militaires,
elle se devait d'avoir un nom de code explicite et percutant, et c'est
donc " ready ! ". Comme pour le lancement d'un nouveau produit (d'ailleurs
toute la campagne a été faite par une agence de pub privée basée en Virginie),
on a désormais la marque et le logo, il fallait aussi un site : voilà
donc, en lien direct depuis dhs.gov : www.ready.gov
(on ne pouvait pas plus simple) et un slogan marketing du feu de Dieu
: " Terrorism forces us to make a choice. Don't be afraid, be ready !
". Bravo ! Ah vraiment, ce site est une perle !
A quelle sauce va-t-on être terrorisé
?
Le
gouvernement veut nous faire savoir ce que l'on risque virtuellement.
Pas sûr que l'on ait VRAIMENT envie de connaître tout ce qui existe, et
constitue le pire envisageable… Mais soit. Alors là, on est abreuvé d'infos
et de brochures à télécharger. Celle de ready.gov bien sûr, mais aussi
celle de la FEMA (Federal Emergency Management Agency) qui a la sienne
qui s'appelle : " are you ready ", avec liste des menaces et de ce qu'il
faut prévoir dans les supply kits elle aussi, mais inclut aussi les catastrophes
naturelles (inondations, ouragans, volcans, tremblements de terre, tsunamis,
etc) et ensuite seulement les menaces d'origine humaine (y compris les
cyber-attaques et virus sur les réseaux informatiques et télécom, ce sont
les seuls à avoir mentionné ce type d'attaque).
Alors là, on a l'impression d'entrer dans la science-fiction, avec une
liste des scenarii les plus apocalyptiques, c'est absolument effrayant
! Hélas non, les menaces listées sont très concrètes, assorties de moult
détails techniques dont on se serait bien passé. Petit résumé qui fait
froid dans le dos :
- Alors
il y a d'abord les attaques biologiques : empoisonnement par
des germes, agents biologiques : bactéries, virus et toxines, dont certains
sont contagieux. Il y en a toute une liste de vilains méchants sur le
site www.bt.cdc.gov (l'agence qui prépare l'Amérique au " bioterrorisme
" qui contaminerait intentionnellement l'eau, l'air ou les aliments),
comme par exemple la ricine, la variole, le fameux anthrax (voir à ce
propos tout un guide sur comment reconnaître un paquet ou une enveloppe
suspecte), la sarine qui avait été utilisée notamment dans les attentats
au Japon en 94-95, et même la tristement fameuse peste pneumonique ou
bubonique. Conseil : se couvrir le nez et la bouche avec plusieurs couches
de t-shirt ou de serviettes en papiers…
- Puis
les attaques chimiques (avec des gaz ou matières toxiques, qui
agissent comme poison), par exemple le gaz moutarde utilisée dans les
tranchées pendant la 1ère guerre mondiale (reconnaissable paraît-il
à son odeur d'ail) ou le cyanide (ou Zyklon B, utilisé dans les camps
de la mort, qui lui aurait une odeur… d'amande amère !)
- Ensuite
les explosions, de bombes ou explosifs classiques, alors conseil
: s'abriter sous un bureau ou une table solide, comme pour les tremblements
de terre finalement, et s'il y a de la fumée, il faut ramper au niveau
du sol.
- Les
explosions atomiques (nucléaires) comme les bombes à Hiroshima et
Nagasaki, suite à une réaction de fission de l'uranium, avec lumière
aveuglante et chaleur intense et les horribles conséquences que l'on
connaît…
- Et enfin
les radiations suite à l'explosion de " dirty bombs " : qu'est-ce
donc que ces sales bombes ? En fait, ce sont des bombes qui combinent
des explosifs classiques comme de la dynamite avec des matériaux radioactifs
(par exemple sous forme de poudre) qui seront propulsés dans toute la
zone et la contamineront, mais sans réaction de fission.
Voili voilou,
ta ta ta (trompettes de Jéricho): les FLEAUX de l'APOCALYPSE !! qui vous
sont réservés, rien que pour vous… et tout ça bien sûr peut vous créer
plein de petits ennuis plus ou moins majeurs et pas enviables du tout,
dont voici quelques exemples (liste non exhaustive, naturellement): dommages
cardiaques et cérébraux, salivation et transpiration excessives, nausées,
crampes abdominales, défécation et urination involontaire, crispation
des muscles, paralysie, coma, blocage respiratoire, brûlures, perte de
conscience, convulsions, etc., pouvant éventuellement entraîner la mort…
Rien que du bonheur !
Vous voilà rassurés ? Pas vraiment ? Vous êtes pourtant censés être parés
à toute éventualité, désormais ! Ne reste qu'à acheter un masque à gaz
et un 9 mm pour survivre dans le monde post-apocalyptique qui semble vous
être promis, mais ça, je suis sûre que des dizaines de milliers d'américains
n'ont pas attendu les recommandations du Texas Ranger en chef pour le
faire !
Mais heureusement, Uncle Sam veille sur vous. Si si, Bush l'a dit : "
we're trying to protect you " (notez le " try " : mieux vaut ne pas trop
s'engager…) : il y a " des plans de sécurité pour protéger les infrastructures
comme les barrages, les centrales fournissant de l'énergie, les réseaux
informatiques, les systèmes de communication, pour renforcer la sécurité
aux frontières, aux ports et aéroports, pour rassembler plus d'informations
sur les menaces émergentes, et détecter une attaque biologique par un
réseau de senseurs à avertissement rapide ". Sachez que le risque qu'il
y ait une nouvelle " major terror attack " aux US en février est de 8
sur 10, ça c'est manitou Tom Ridge qui l'a dit au début du mois, merci
de nous rassurer… Restez en alerte maximum, mais à part ça surtout, "
don't panic ! " qu'ils disent tous…
Etonnez-vous, après ces rassurantes informations, que les ricains soient
tous stressés !!! Evidemment, suite à ces annonces alarmistes des autorités
conseillant à la population de se prémunir en cas d'attaque, il y a eu
vent de panique, qui s'est traduit essentiellement par une ruée vers les
supermarchés pour les réserves de bouteilles d'eau minérale et de céréales,
et les magasins de bricolage pour leur super-scotch (enfin surtout sur
la côte Est, New York et Washington se sentant évidemment plus visées).
Pas malin, de paniquer ainsi tout le monde !… Heureusement qu'il y a eu
quand même des gens censés en interne pour ridiculiser ces recommandations
! Même le Time de cette semaine a fait un encart spécial avec d'autres
utilisations possibles de la bande ultra-adhésive, maintenant que vous
en avez tous en stock 10 rouleaux d'avance (allez jeter un œil sur le
site www.ducttapefashion.com
qui vous propose ainsi d'en fabriquer des chapeaux, ceintures, porte-monnaies
et autres !)
L'obsession sécuritaire
La
sécurité. On
dit que chez nous en France, la politique Sarkozy renforce le sentiment
sécuritaire, mais c'est vraiment " peanuts " à côté d'ici… Ici, c'est
une obsession, une paranoïa, que dis-je une paranoïa, c'est une véritable
psychoooose ! Qui est enfantée, cultivée, renforcée, aggravée, par le
gouvernement et les medias. Qui sélectionnent et biaisent les informations,
ça n'a rien de nouveau, mais à un degré tel qu'on ne peut guère appeler
ça que du voyeurisme au service d'une propagande éhontée…
CNN, comme tous les media américains, c'est vraiment du lavage de cerveau
!
- Message
1 : " vous vivez dans un monde dangereux, entourés de vilains méchants,
dont le seul but est de troubler votre paisible confort personnel ".
La preuve : regardez tous ces noirs des sales quartiers qui volent et
agressent, ces films de guerre et d'apocalypse, ces terribles dictateurs
qui oppriment les femmes et affament les petits n'enfants innocents…
- Message
2 : " heureusement, Uncle Sam vous protège ". Aujourd'hui, le méchant
ennemi numéro un qui menace la sécurité nationale est un diable fourchu
et barbu. Ou moustachu, plutôt. Alors allons casser de l'arabe comme
hier on cassait du jap (ou du russe, ou du viet). Qu'on rabatte enfin
le caquet à ce prétentieux qui ose remettre en cause la toute puissance
d'Uncle Sam-pantocrator (nda : dont les valeurs sont les seules justes
et doivent donc être universellement appliquées, voire imposées unilatéralement
par la force, pour son intérêt exclusif).
- Message
3 : " mais vous feriez mieux tout de même de prendre aussi quelques
mesures supplémentaires de sécurité personnelle ". Solution proposée
: d'ailleurs, voici une pub pour un excellent système d'alarme super
high tech dernier cri, à installer partout chez soi…
C'est du
bourrage de crâne. On maintient sciemment la population dans la peur.
D'ailleurs avez-vous vu " Bowling for Columbine ", cet excellent documentaire
qui est diffusé sur grand écran dans les salles de ciné de Paris (et même
à San Francisco, d'ailleurs). Si vous ne l'avez pas encore vu, précipitez-vous…
(d'ailleurs j'aimerais vraiment y retourner AVEC des américains pour voir
leur réaction en live !). L'enquête en dit très long sur le niveau de
paranoïa d'une grosse majorité d'américains, et le vice de cette société
qui en fait matérialise ses propres terreurs en se retranchant dans la
sur-protection… Ca donne des frissons dans le dos ! Retenez en particulier
cet extrait du dessin animé " South Park " qui raconte l'histoire abrégée
des Etats-Unis, en expliquant tout par… la peur !
Même dans le bus et le métro, il y a un dépliant " special safety message
" pour informer les passagers des patrouilles et diverses mesures de sécurité
qui ont été renforcées, en préparation d'éventuelles " opérations d'urgence,
y compris les menaces terroristes ", assorti là aussi de recommandations
de sécurité incitant à la vigilance, la méfiance, voire même à la délation
! Et que penser de cette campagne d'affichage dans les stations BART (le
RER local) du quartier financier (avec de magnifiques vues de la skyline
de San Francisco au coucher de soleil, qu'on ne peut s'empêcher d'admirer
!) : vaste campagne financée par un syndicat d'agents de sécurité de la
ville voulant tirer la sonnette d'alarme en informant les jeunes yuppies
en cravate qui bossent dans les étages des grandes tours que les gérants
des gratte-ciels de la ville n'ont pris aucune mesure adéquate pour renforcer
la sécurité et protéger les buildings d'une éventuelle attaque terroriste,
et que trop souvent le personnel de sécurité tourne trop vite et ne reçoit
aucune formation adéquate aux mesures d'urgence et aux évacuations… "
Stand up for a safer San Francisco ! " clament-ils sur leur site… Encore
de quoi ajouter au trauma du public !
Les flics et security officers privés sont nettement plus visibles partout,
avec une collection d'armes en tout genre autour de la ceinture… Vigipirate,
c'est de la gnognotte à côté! Mais le plus frappant, c'est que ce n'est
pas seulement les institutions, mais toutes les organisations, même privées
: c'est relayé à tous les niveaux, tout le monde semble avoir repris à
son compte le stress des mesures de sécurité…
Peur du voisin, de l'étranger, de l'inconnu. Qui a toujours existé sans
doute, mais renforcée encore avec le très controversé " Patriot Act "
entré en vigueur fin octobre 2001, en réponse aux attentats 11 septembre
(de son vrai nom " Unifier et renforcer l'Amérique en fournissant des
moyens appropriés nécessaires pour intercepter et entraver le terrorisme
" et aussi le " décourager et le punir "). En fait, ce nouvel ensemble
de lois s'est surtout traduit par un renforcement sans précédent des pouvoirs
judiciaires comme des agences de surveillance et de renseignement, nationales
et internationales, au prix d'une restriction des libertés civiles fondamentales
censés être à la base de la démocratie américaine… Prenez la protection
des frontières par exemple. Les 19 terroristes du 11 septembre étaient
tous des étrangers, légalement titulaires de visas. Toute la politique
d'immigration a donc été remise en question. Le plus spectaculaire : la
création au début de cette année d'un nouveau super ministère, ce fameux
" Department of Homeland Security " qui désormais chapeaute non seulement
les mesures de sécurité nationale comme on l'a vu plus haut, ainsi que
le contrôle des frontières, MAIS AUSSI toutes les activités du célèbre
INS (Immigration and Naturalization Service), l'office qui s'occupe de
toutes les demandes et délivrance de visas, de cartes vertes et de citoyenneté.
Ca veut tout dire !
Autant dire que tout ce qui vient de l'étranger est suspect et potentiellement
dangereux ! Aujourd'hui, TOUS les dossiers doivent faire l'objet d'une
enquête approfondie " background and security check "), effectuée par
le FBI. Et chacun sait que le FBI comme l'INS ne sont pas des administrations
réputées pour leur rapidité dans le traitement des dossiers… Une demande
de carte de sécurité sociale pour un étranger admis légalement et qui
étudie tranquillement dans son université prend aujourd'hui plus de 2
mois au lieu d'une semaine, une demande de visa de travail prend au moins
6 mois au lieu de 2 normalement, et même les simples renouvellements s'avèrent
un parcours du combattant. Tous les étrangers originaires des pays musulmans
qui se trouvent actuellement légalement sur le territoire US (les hommes
de plus de 16 ans uniquement, et entrés sur le territoire avant le 11
septembre, soit dit au passage) ont du aller obligatoirement se présenter
au bureau INS le plus proche pour se faire prendre leurs empreintes (la
liste des pays concernés est très précise : Afghanistan, Algérie, Bahreïn,
Erythrée, Iran, Iraq, Liban, Libye, Maroc, Oman, Qatar, Somalie, Soudan,
Syrie, Tunisie, Emirats Arabes Unis, Yémen et...Corée du Nord !). Par
ailleurs, absolument TOUS les étrangers doivent informer leur bureau INS
au moindre changement d'adresse ou déplacement de plus d'une semaine !
Et au moindre doute ou faux pas : paf, " déportation " (si si, c'est le
mot officiel de l'INS) : remis dans l'avion ! Aucune demande d'asile n'est
plus accordée depuis le 11 septembre, et même quand le statut de réfugié
a été accordé durant l'été juste avant, les bénéficiaires ne sont pas
acceptés sur le territoire américain, et doivent continuer à pourrir dans
les camps de réfugiés du fin fond de l'Afrique ou Peshawar…
Dimanche 16 février : " March for Peace "
La
guerre, donc, pour laquelle on se prépare. On ne parle plus que de ça,
aux infos, à la télé, à la radio, dans la rue. Son spectre est présent
partout. La veille samedi, des défilés dans les grandes villes du monde
entier ont réuni une dizaine de millions de manifestants. Tout le monde
est contre. Mais dans le bras de fer " the World vs. Uncle Sam ", c'est
pas sûr que ce soit le Monde qui gagne… Il se fait vieux et il est dur
d'oreille, l'oncle Samuel. Surtout quand ça l'arrange. Mais enfin même
si c'est peine perdue, il faut donner de la voix, et San Francisco, de
tradition contestataire, se doit évidemment d'être la tête de la rébellion
intérieure sur le territoire américain. Détail amusant pourtant : San
Francisco est la seule ville du monde où le défilé pacifiste a été décalé
d'une journée, et ce à cause de la grande parade du dragon pour le nouvel
an chinois, qui traversait et occupait déjà une partie de la ville…
En plus, coup de bol, il faisait très beau ce jour-là, ce qui a certainement
contribué à augmenter les rangs des manifestants (ne serait-ce que de
la présence de mon humble personne par exemple, qui était fort compromise
vu les trombes d'eau de la veille). On a calculé environ 200,000 personnes
: deux fois plus qu'à Paris (mais il est vrai que les français soutiennent
la position de leur gouvernement, en l'occurrence : là aussi, tradition
oblige en matière de relations extérieures : la France, défenseuse des
droits des opprimés, voix de la veuve et de l'orphelin, et championne
des causes perdues…).
Dans la foule qui noircissait toute la largeur de l'artère de Market street,
il y avait tous les styles, tous les âges, monsieur et madame tout le
monde, leur fille au lycée et même leur bébé dans la poussette. Chacun
avec sa petite pancarte perso, griffonnée ou longuement confectionnée
à la maison, ou téléchargée et imprimée, voire même achetée en dernière
minute. Une immense coulée de monde, qui marchait tranquillement, au soleil,
silencieusement en brandissant sa petite pancarte, très bon enfant comme
ambiance, avec même des stands de donuts et de tamales tout du long, pour
se mettre un snack dans l'estomac… A certains endroits-clés, il y avait
des petits concerts avec des joueurs de bongos, la musique étant toujours
inséparable des défilés à Frisco… Certains devaient se retrouver de 30
ans plus jeunes, à l'époque des défilés anti-Vietnam… Quelques hélicos
tournaient au-dessus, les flics et la télé, sans doute, et même un petit
avion qui traînait une banderole (comme à Palavas-les-flots !) : " Bush
said : protesters are betrayors !" (les manifestants sont des traîtres
!). Oh, le vilain, qui méprise la voix de son peuple!
Beaucoup de drapeaux irakiens dans le défilé (bof, ça, c'est moyen : être
contre la guerre d'accord, mais de là à être pour l'Irak, quand même…).
Mais aussi beaucoup de drapeaux bleus avec une grande photo de la planète,
ça doit être le nouveau drapeau de la planète Terre, version écolo… Pas
mal de slogans contre l'impérialisme américain et la guerre qui a pour
but de défendre ses intérêts économiques : " End global imperialism ",
" No blood for oil ". Beaucoup de références aussi contre le principe-même
d'une guerre (" war IS terrorism " en réponse au motto du gouvernement
: " war against terror ", ou bien encore le fameux " not in our name "
: pas en notre nom, par les américains qui ne se reconnaissent pas dans
les affirmations et décisions de Bush en matière de politique extérieure).
On voit même quelques références anti-militaristes, qui virent au pessimisme,
voire au morbide, par exemple ce : " US army : we still hire " (on recrute
toujours !) avec sous les casques des squelettes probablement gazés, ou
encore un " we are doomed " (nous sommes maudits) avec illustrations de
têtes de morts…
Et tiens, tout d'un coup, on se met à apprécier la France (voilà qui est
soudain !) pour avoir osé élever la voix et se dresser contre la toute-puissante
Amérique, avec des slogans comme " Vive la France ", " Old Europe is good
Europe ", " France : use your veto, on vous soutient ! " ou encore " We
love UN " (on aime les Nations Unies) pour encourager les inspections,
plutôt que préparer à la guerre… D'ailleurs, toutes sortes d'usages alternatifs
sont proposés à la place des sommes colossales investies dans l'effort
de guerre, en particulier des programmes sociaux : " Make love not war
" bien sûr, mais surtout les plus pragmatiques : " money for JOBS not
war ", " shelter not bombs ", " schools not bombs ", " healthcare not
warfare " (du boulot, des logements, des écoles, une couverture sociale…).
Ce qui frappe : énormément de slogans franchement virulents contre Bush
(j'imagine mal voir des attaques aussi directes en France !), dont il
faut tout de même reconnaître que certains font preuve de pas mal de créativité
: " impeach Bush " (lancez la procédure d' " empêchement " pour le destituer
de ses fonctions), " Fuck Bush " (simple, clair et concis…), " Stop mad
cow boy disease now ! " (ha ha ! Excellent ! " arrêtez la maladie du taureau
fou " en référence bien sûr à la vache folle et à l'origine texane du
cow-boy Bush), " Terror is in the BUSHes " (La terreur est dans les fourrés
; pas mal trouvé !), " Assassinate Bush " (oui, liberté d'expression d'accord,
mais là, c'est quand même too much !…), " Somewhere in Texas, there's
a village missing an idiot ", " Georgy boy, you are an empty war head
" (jeu de mot pas mal trouvé comparant le crâne vide de Bush obsédé par
la guerre, à une tête de missile non activée), et même quelques déviances
bien d'ici: the " asses of evil " (jeu de mot : les culs du mal, à la
place de " l'axe du mal ") illustré de portraits de Bush, Cheney et Rumsfeld
et un autre jeu de mot fort peu élégant : " Cheney is a dick " (Dick,
le petit nom usuel de Richard, voulant aussi dire… " bite "). On ne fait
pas dans la dentelle !
Un défilé des plus éclectiques :
toutes les communautés en profitent pour s'exprimer !
Dans
les banderoles aussi, outre les attaques contre la guerre en Iraq et contre
Bush, beaucoup d'autres revendications semblent nettement plus opportunistes,
lobbying soutenant des causes diverses et variées. Tous les groupes d'intérêt
semblent représentés, culturels, religieux, ethniques, sociaux ou même
sexuels, tout ce qui existe et cohabite à San Francisco et en fait un
tel formidable creuset culturel trouve ici l'occasion de s'afficher et
s'exprimer publiquement, sur les sujets qui leur tiennent à cœur:
- le plus
fréquent : " Free Palestine, end the occupation ", avec beaucoup de
foulards palestiniens et quelques femmes voilées affichant " we are
not the ennemy ". Plusieurs pancartes en arabe, on ne saura pas ce qu'elles
voulaient dire…
- La communauté
philippine, importante à Frisco, profite aussi de l'aubaine pour exprimer
ses revendications : " US troops out of the Philippines " (on manifeste
aussi contre l'impérialisme américain, non ?)
- un groupe
de révolutionnaires socialistes, avec des foulards rouges et des portraits
de Che Guevara (Tiens, y'a encore des communistes, ici ?)
- Des assoces
contre le racisme : " end racism ", avec des portraits de Martin Luther
King
- Les "
environmentalists " (écolos) avec ce remarquable slogan énergétique:
" go solar not ballistic " (soyez solaire, pas ballistique " ; je vois
pas trop le rapport avec le schmilblik ?)
- Les fameux
gays de San Francisco ont eux aussi concocté des slogans de leur cru,
à la référence sexuelle évidente: " war sucks ", " put a condom on your
missile, Bush ". D'ailleurs on voit plusieurs couples de gays et lesbiennes
qui défilent main dans la main, ne perdant jamais une occasion de s'afficher…
- Les bigots
avec des pancartes affirmant " Jesus loves you ", " God does not bless
ONLY America ", " Thou shalt not kill " (tu ne tueras point !)
- Les étudiants
sont bien rangés chacun derrière la banderole de leur université. Seules
les universités publiques semblent présentes d'ailleurs, les autres,
celles des fils à papa, brillent par leur absence…
- Les vétérans
des autres guerres, bien sûr, sont venus pour témoigner et rappeler
que la guerre est quelque chose de très réel : les " San Diego veterans
" , les " marine Gulf War vets " (de la précédente guerre du Golfe).
L'un d'entre eux affiche : " Iraq is arabic for Vietnam " (Irak veut
dire Vietnam en arabe)
- Même
les juifs manifestent, en tout cas une synagogue, qui ne manque pas
de surprendre en s'affichant avec le drapeau d'Israël et le drapeau
irakien côte à côte…
- Un groupe
avec beaucoup d'humour et qui fût très applaudi : les " blonds against
dumb wars " (les blondes contre les guerres stupides)
- Une pancarte
qui a du se tromper de défilé, ou alors qui a un peu de retard : " no
pipeline in Afghanistan "
- Quelques
naturistes à poil (on est à San Francisco tout de même, jamais de défilé
sans quelques seins et pénis à l'air…)
- Les Mexicains
du quartier hispanique de Mission connaissent le plus gros succès, ils
se croient à Rio et semblent profiter de l'occasion pour tester leur
nouveau show pour le prochain carnaval du " cinco de mayo ": un char
avec orchestre de mariachis et tout un groupe de danseurs devant, en
bikini et tenue d'aztèques avec grandes plumes. Du grand spectacle !
On ne sait pas trop ce qu'ils ont à dire ni ce qu'ils font là, mais
c'est digne du Crazy Horse, vraiment ! Bravo, c'est magnifique !
- Les indiens
aux cheveux longs (pardon, les " native americans " pour être politiquement
correct) ne veulent pas être en reste et rappellent sur leur T-shirt
qu'eux, " are fighting against terrorism since 1492 ". Pas mal ; ca
remet les choses en perspective…
- Les indiens
des Indes orientales sont là également (en grand nombre comme programmeurs
dans la Silicon valley), une association du Bengale affirme sa présence
avec des slogans… en vermicelles indiens ! message ésotérique pour initiés,
donc…
- Les chinois
ont eux aussi leurs pancartes écrites… en chinois ! Ils ont même ramené
le Dragon, celui qui a défilé la veille pour la parade du nouvel an…
- Les hippies
évidemment sont là aussi, et notamment ce groupe extraordinaire : les
" Midlife menopausal hippies for peace " (elle est bien bonne !) avec
des slogans naïfs et enrobés de fleurs comme " create joy ", " peace
is pretty ", " let your inner peace out " (laissez votre paix intérieure
s'exprimer) et les paroles d' " Imagine " de John Lennon avec à la fin:
" you may say I'm a dreamer, but I'm not the only one "…
D'ailleurs, faut-il préciser que lors de la marche, des odeurs de ganja
viennent régulièrement titiller les narines…
Voilà, la
grande marche est terminée.
On
a dit ce qu'on avait à dire. Maintenant, on retourne vite s'enfermer chez
soi, et se ronger les ongles devant la télé, en attendant que le ciel
nous tombe sur la tête (peut-être littéralement !)…
Allons, allons, nous ne sommes pas encore au jour du jugement dernier…
Changez-vous plutôt les idées, et allez donc lundi 3 mars voir dans un
théâtre près de chez vous la pièce d'Aristophane " Lysistrate ", déterrée
à l'occasion par les partisans de la paix, et jouée ce jour partout dans
le monde. L'intrigue : dans la Grèce antique, alors que les hommes sont
encore sur le point de commencer une nouvelle guère meurtrière, toutes
les femmes (mères, épouses, sœurs de futurs guerriers et victimes), de
toutes les parties, lassées de ces bains de sang inutiles, décident de
s'élever et se battre contre la guerre en utilisant le seul moyen à leur
disposition : la grève du sexe…
Qui sait ? Ca pourrait peut-être marcher ? (Quoique… Dans la puritaine
Amérique… Même pas sûr que ça ferait une différence !)
Virginie Drocourt
sheherazad13@yahoo.com
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