Chronique 17
10 octobre 2001

Chronique d’une évacuation
Le journal d’une semaine d’inquietudes et de rebondissements
après les attentats aux Etats-Unis du mardi 11 septembre 2001


www.amifrance.org

Dimanche 9, Jour J-2. On apprend que le commandant Massoud a ete victime d’un attentat. Toutes sortes de rumeurs contradictoires circulent sur son état de santé. Ca semble serieux. L’on craint dans le Panjsher et au sein de toute la résistance une flambée des conflits de pouvoir en interne, des soulèvements de population dans l’inquiétude, des retournements de vestes chez les commandants des deux côtés, voire une reprise opportuniste de grandes offensives vers les lignes de front. De Peshawar, la coordination donne donc instruction aux deux expatriées actuellement dans la vallee de se regrouper et commencer à se diriger vers Fayzabad, au Nord de la vallée, en vue d’une éventuelle évacuation. Tout comme nos employes afghans qui restent scotches a la radio et vont a la peche aux informations, nous demeurons a l’affut des nouvelles, un peu tendus.

Mardi, Jour J, 19 heures. La femme de Philippe, le chef de mission, vient de se faire sortir en catastrophe de la piscine du club américain ou elle etait avec ses 3 enfants pour cause de securite suite a evenement tres grave aux Etats-Unis : elle croise a son retour une expat de la mission qui deboule alors dans le bureau ou nous sommes encore a plusieurs a travailler, et nous dit qu’un attentat vient d’avoir lieu au World Trade Center. Nous nous connectons immédiatement sur internet pourmais n’arrivons qu’a voir la fameuse photo des tours en feu. Le réseau est totalement engorgé, nous nous precipitons donc dans la maison à côté, chez Philippe, pour regarder les infos a la télé satellite.

Ca fait plus d’une heure que les avions ont percuté les tours jumelles et elles viennent de s’effondrer en direct… Comme partout dans le monde, nous restons deux bonnes heures bouche bée, agglutinés devant l’écran, totalement ahuris et effarés devant les images effroyables de CNN et la BBC. Philippe avoue qu’il avait cru les 5 premieres minutes a la bande annonce d’un nouveau film de Hollywood… Très vite, BinLaden et l’Afghanistan sont montrés du doigt. On a vite compris que ça sentait très fort le roussi quand le gouvernement taliban a été si prompt à annoncer puis donner une conférence de presse, ce qui n’est certes pas dans leurs habitudes… Nous sommes donc désormais clairement en ligne de mire. Ouh là ! Les foudres de l’Amérique sont en train de se diriger en plein sur nous !

21 heures. Après le choc initial, grand temps de passer à l’action. Branle-bas de combat : deux heures de frénésie totale suivent, entre coups de fils, discussions animées, réunions de cellule de crise et grands débats sur la stratégie à adopter et les mesures concrètes à prendre : entre nous sur place, avec les autres ONG du quartier, et surtout avec le siège à Paris… Première tâche : identifier et localiser exactement nos expats actuellement à l’intérieur de l’Afghanistan. Nous sommes 5 à Peshawar, 2 en vacances, et il en reste donc 10 sur le terrain répartis sur tout le territoire, certainement totalement inconscients de la gravite ce qui vient de se passer et de l’ampleur des répercussions possibles. On s’organise et on se répartit les « ramassages » d’expats par zone, avec Solidarités notamment, souvent présents sur les mêmes zones que l’AMI. Mot d’ordre initial : pour Kaboul : partir au plus vite pour Jalalabad a l’Est dans la direction de Peshawar, et pour les terrains : rejoindre au plus tot les villes regionales les plus proches : Jalalabad pour l’Est, Mazar-e-Sharif pour le Nord, et Fayzabad pour le Panjsher. De la, tacher de sortir d’Afghanistan d’urgence par tous les moyens disponibles: avion CICR ou UN pour rejoindre Peshawar, ou par la route vers les pays limitrophes si pas d’avion ou de place dispo.

Où sont nos expats ?

Toute la soiree, on essaie de joindre tout le monde par téléphone satellite pour les informer et confirmer l’urgence de la situation. Pas si facile, vu qu’il nous est interdit par le gouvernement pakistanais d’avoir une radio sur Peshawar, alors que de nombreux terrains éloignés ne disposent justement que d’une radio comme moyen de communication, que les téléphones satellites ne sont presents que sur les bases regionales et rarement branchés le soir et de nuit. On n’arrive à joindre personne : pas de réponse à Mehterlam, personne à Mazar-e-Sharif, et pas de réponse non plus à Kaboul ni dans le Panjsher. Aucun moyen de joindre directement les terrains plus isoles dans le Hazaradjat, le Nord et la Kunar : il faut que quelqu’un en Afghanistan les joigne par radio. On apprend finalement par une autre ONG que nos deux expats de Kaboul sont comme on s’en doutait au bar du club UN (qui dispose d’une tele –clandestine- avec CNN ; ils ont donc du y apprendre les evenements), mais qu’ils y sont coinces avec beaucoup d’autres par des barrages de talibans au-dehors… Flip!…

23 heures. On continue a faire le pied de grue aupres du telsat a essayer de joindre tout le monde et dans la foulée, on rédige et on envoie l’e-mail avec ordre d’évacuation générale immédiate de tout le territoire, et récapitulatif de toutes nos instructions détaillées, pour chacun des terrains… Difficile de garder son sang-froid dans cette incertitude !

Enfin on finit par avoir Kaboul au telephone : ils ont reussi a rentrer a la guesthouse, mais y sont maintenant cantonnes par le couvre-feu jusqu’au moins 4 heures du matin. Longs echanges d’informations et d’instructions pour organiser le depart de Kaboul au plus vite, avant que la ville ne soit isolee ou des barrages montes pour empecher de sortir, ou que la situation ne se deteriore contre les occidentaux. Ramasser toutes les affaires que les expats ont laissees dans la maison, les entasser dans la voiture, rediger une note detaillee d’explications pour le personnel afghan du bureau, contacter les autres ONG de Kaboul par radio pour verifier ce qu’elles font, puis a 5 heures du matin, passer vite au bureau laisser la note en demandant de joindre par radio tous les terrains au contact habituel de 8h30 pour repeter les instructions d’evacuation et tacher de contacter Peshawar, effacer les e-mails en memoire, rapatrier les voitures en lieu sur, cacher l’argent et le materiel, et surtout garder le contact pour attendre nos nouvelles instructions. Puis passer prendre l’unique quidam de Solidarites present a Kaboul, et grand depart precipite pour les 8 longues heures de piste jusqu'à Peshawar.

Kaboul brûle-t-il ?

Mercredi a l’aube, J+1. Au petit matin a Peshawar, apres une nuit presque blanche, gros coup de chaleur quand on apprend sur internet qu’il y a eu des explosions sur Kaboul, et nos deux expats nous confirmeront qu’ils ont passe une partie de la nuit sur le toit a voir les eclairs et ecouter les lointaines detonations… Quel bapteme afghan pour Olivier, qui venait tout juste d’arriver sur Kaboul le matin-meme apres deux mois d’attente de son  visa et moult negociations avec le vice-consul taliban de Peshawar!

Pour la region Nord, 3 expats. C’est Solidarites qui organise leur rapatriement, puisque nous partageons un bureau avec eux a Mazar-e-Sharif. Leur equipe dans la lointaine campagne de Ruy-Doab dans le Hazaradjat doit passer prendre en route notre sage-femme isolee a Kamard, point de depart de cliniques mobiles, puis remonter sur Mazar ; mais il y a deux jours de route au total. Notre equipe de deux sur le centre de nutrition de Sholgara, a seulement deux heures au sud, recoit egalement ordre de revenir d’urgence sur Mazar, et de se faire faire rapidement des visas turkmens en cas d’evacuation obligee par route pour le Turkmenistan.

Le Panjsher nous appelle enfin : notre infirmiere est a l’abri a l’interieur de la vallee, dans la base arriere de Safed Cher, mais la sage-femme tout juste arrivee dans la zone quelques jours plus tot est encore dans une clinique plus au Nord. Il faut vite se regrouper et tacher de continuer la route vers Fayzabad au Nord, ou se trouvent de nombreuses ONG, une base de la Croix-Rouge et un aeroport avec des liaisons sur Peshawar. Et de la, au pire, s’il n’y a pas d’avion, il est toujours possible de rejoindre par la route le Tadjikistan voisin.

Enfin pour l’Est, 3 expats egalement dans la nature. La technicienne de laboratoire avait quitte Jalalabad a l’aube pour inaugurer le nouveau laboratoire de la clinique de Kakas. Incertitude a Peshawar sur un medecin qui avait prevu de passer deux jours au lointain hopital de Chagasary dans la Kunar, a une journee de route vers le Nord, mais puisqu’on n’a pas reussi a joindre directement Mehterlam, on ne sait pas s’il est deja revenu a la base. En fait, au petit matin de mercredi, il etait tranquillement en train de prendre le petit-dejeuner a Mehterlam avec l’infirmiere qui travaillait sur l’hopital de la ville, quand juste avant le contact radio prevu avec Kaboul, ils recoivent un appel du CICR de Jalalabad s’enquerant de ce qu’ils faisaient. Laurette pensait innocemment qu’ils parlaient des plans du week-end, et c’est donc de cette maniere qu’ils ont appris qu’il y avait eu de graves evenements et qu’il fallait contacter d’urgence leurs bureaux. Le personnel afghan de Kaboul, arrive au bureau entre deux et ayant decouvert toutes nos instructions sur papier et e-mail, a pu alors contacter tous les terrains par radio. Nos deux lascars n’ont meme pas pris le temps de lire les e-mails : ils ont ramasse toutes les affaires dans la base, demonte le disque dur de l’ordinateur, emporte le telephone satellite, et ont saute dans la voiture pour rejoindre la maison de l’ONG francaise Madera a Jalalabad, point de rencontre prevu avec l’equipe de Kaboul qui avait du partir a l’aube (mais dont on etait toujours sans confirmation qu’ils avaient bien deguerpi le plancher kabouli).

Inquiétude à Peshawar : donnez signe de vie, de grâce ! ! ! !

13 heures. On tournait en rond d’angoisse au bureau de Peshawar, à attendre des nouvelles. Enfin un appel: c’est l’equipe de Kaboul. Ils ont pu sortir ce matin sans encombre de la ville, sans rencontrer de barrage taliban, et sont maintenant a Jalalabad avec la technicienne de labo, au courant de rien, recuperee a la clinique de Kakas (juste le long de la route a mi-chemin entre Kaboul et Peshawar, et donc notre etape-point d’eau obligee), et les 2 medicaux de Mehterlam retrouves chez Madera. Ouf ! Deja 5 de regroupes ! On renvoie le telephone satellite a Kaboul pour que le bureau puisse communiquer avec Peshawar. Plus que 3 heures de route et le passage de la frontiere pakistanaise a Torkham (ce qui n’est jamais gagne d’avance !), ou un employe de peshawar attend en stand-by pour les recuperer et traverser la derniere droite : la zone tribale avant Peshawar...

17 heures, moins de 24 heures apres les evenements, nos 5 premiers evacues des regions Centre et Est arrivent enfin, sans encombre au bureau de Peshawar, sous les acclamations et au soulagement de tous… 50% de l’equipe a rapatrier est saine et sauve…

Jeudi, J+2. Deux officiers des services de renseignement pakistanais passent au bureau avec la liste des 5 expatries qui ont passe la frontiere hier, pour verifier qu’ils sont bien arrives a destination et combien encore sont attendus. La securite dans University Town, le « ghetto expat » residentiel de Peshawar ou vivent tous les occidentaux, est  egalement serieusement renforcee : des policiers armes patrouillent en 4x4 les rues du quartier, presence qui finalement rassure quand meme plus qu’elle ne gene...

Il en reste encore 5 sur le terrain. Les deux de Sholgara sont arrives a Mazar et attendent leur collegue de Kamard, toujours en route avec les Solaf. Ils organisent le bureau pour le depart et comme on ne sait pas quand un expat va pouvoir revenir, payent d’avance les employes afghans pour un mois entier. Dans le Panjsher, les deux filles essaient toujours de se rejoindre, ce a quoi elles parviennent jeudi. Mais les choses se compliquent : elles tentent de sortir avec deux jeeps de la vallee du Panjsher pour aller dans le Badakhchan, ou se trouve Fayzabad. Mais un barrage improvise des forces de l’alliance du Nord refuse de les laisser passer : ils reclament un nouveau permis de sortie, instaure seulement depuis l’attentat de Massoud quelques jours plus tot. Catastrophe. Il faut redescendre a pres d’une journee de route vers le sud pour obtenir ce permis. Retour sur la base de Safed Cher pour les deux filles, et un afghan devoue va continuer la route le soir pour aller reveiller le mollah deja couche, lui faire signer les papiers d’urgence, et remonter dans la nuit a Safed Cher avec les autorisations…

Vendredi, J+3. Nouvelle tentative de passage avec les permis et c’est OK ; il faut quand meme deux jours de route au total pour rejoindre Fayzabad… A Peshawar, on fait le siege de la Croix-Rouge car on s’inquiete de leur planning des vols. D’abord suspendus, ils ont ensuite repris mais au compte-goutte, car eux-memes n’arrivent plus a obtenir les permis d’atterrissage et decollage ni des garanties suffisantes que l’espace aerien et les pistes d’aeroports sont securises. Il est impossible de savoir quels vols vont pouvoir etre effectues, depuis Mazar ou depuis Fayzabad, ni avoir confirmation des places disponibles et reservations pour les personnel d’ONG qui peuvent y acceder gratuitement. Idem pour les avions des Nations Unies, qui decretent d’abord ne vouloir transporter que le personnel UN, puis acceptent eventuellement de prendre d’autres expatries, mais toujours a leur tarif prohibitf de pres de $400, un vrai scandale en cas d’evacuation d’urgence comme c’est le cas ! Par ailleurs, on commence deja egalement a negocier et echanger tous les billets d’avion, pour pouvoir faire rentrer plus tot en France les expatries evacues sur Peshawar… C’est la panique et la ruee pour trouver des billets, les places sont rares et cheres ! Vendredi en debut de soiree, surprise : les deux expats de Sholgara debarquent a Peshawar, sans preavis : ils ont reussi en derniere minute a attraper un vol CICR de Mazar.

A J+3, nous sommes 7 sur 10…
3 manquent encore a l’appel !

L’ambassade de France n’a pas d’instructions officielles, et se contente de reactualiser la liste des francais evacues et ceux encore en territoire afghan. En revanche, dans l’urgence, les ONG s’organisent entre elles sur Peshawar : reunion sur reunion, on monte des coordinations, on partage les informations, on se tuyaute et se depanne si besoin, on met en place une superbe « chaine de communication » sous forme d’arbre pour s’informer les uns les autres en cas de nouvelle info a faire remonter ou circuler, des floppees d’e-mails s’echangent … Rien de tel qu’une bonne crise pour soudain realiser ce qu’on n’a jamais reussi a faire depuis des annees…

Samedi, J+4, fin d’apres-midi. On apprend que les deux filles du Panjsher viennent d’arriver en fin d’apres-midi sur Fayzabad. Ouf, on espere un avion demain. La sage-femme de Kamard est egalement arrivee sur Mazar, et vu l’incertitude totale sur les vols, un depart est prevu en voiture pour la frontiere turkmene, avec les deux derniers expats de Solidarites. On commence a se rassurer, meme s’il ne faut pas vendre la peau de l’ours etc… Cependant, l’ambiance a Peshawar est morose. Plusieurs des evacues sont encore sous le choc d’un depart si precipite, laissant en plan les programmes a peine engages et sans avoir pu dire au revoir aux afghans avec qui on travaillait tous les jours… Sentiment d’abandon, peur surmontee dans la precipitation, angoisse de ceux encore coinces en Afghanistan, horreur des images decouvertes a la tele, incertitude sur qu’il va advenir dans les jours et semaines qui viennent, et la perspective d’un rapatriement premature en France avec toutes les questions sur la suite, stress plus ou moins exprime ou internalise : beaucoup d’emotions confuses a la soiree de samedi soir sur Peshawar ou nous retrouvons de nombreux collegues evacues des autres ONG : ou en etes-vous ? Vous en avez encore sur les terrains ? Qu’allez-vous faire ensuite ? Beaucoup de questions et de fronts soucieux…

Dimanche, J+5. La Croix-Rouge a finalement bien un vol sur Fayzabad aujourd’hui, le dernier. Nos deux filles arrivent sourire aux levres vers midi, enfin parvenues saines et sauves au terme de leur periple… Et une heure plus tard arrive notre sage-femme de Kamard, qui a finalement pu prendre un avion a Mazar affrete par les Nations Unies… Ca y est, ouf, victoire : evacuation reussie… Nous sommes tous reunis ! Il aura quand meme fallu 5 jours au total pour recuperer tout le monde… Grande reunion improvisee avec l’equipe expat au complet (ce qui en temps normal n’arrive jamais…) pour d’abord faire une grande seance memorable de photos de famille de tous les expats autour de la 4x4 AMI, s’echanger nos aventures et e-mails perso respectifs, puis surtout parler des suites de cette evacuation. Les rapatriements en France sont anticipes : premier depart le soir-meme, et tout le monde va suivre dans les deux jours, sauf le chef de mission et les trois membres de l’equipe de coordination, qui vont rester au Pakistan pour gerer la suite…

Dimanche soir, enorme soupir de soulagement des bergers :
le troupeau est enfin rassemble, au complet!

Mardi, J+7. Tous les ressortissants britanniques viennent d’etre evacues, ainsi que le personnel des UN, ce qui n’est pas bon signe. Le quai d’Orsay nous recommande vivement de nous eloigner de Peshawar des aujourd’hui, on va donc partir en exil a 200km de la dans la capitale administrative Islamabad. On lache les derniers expats terrain a l’aeroport, dernieres copies de tous les documents, ficelage des bagages, aurevoirs emus a l’equipe afghane du bureau de Peshawar -plutot angoissee de nous voir ainsi tous partir-, et nous prenons la route a 4 pour tacher de continuer l’aventure a distance depuis Islamabad…

Et apres ? A Paris, l’equipe evacuee s’est retrouvee au bureau dans les jours qui suivaient, et une fiesta pour les nostalgiques a meme ete organisee a l’AMI pour les « anciens de l’Afgha », AMI, Solaf, ACF et autres confondus… Certains ont repris leur vie francaise, d’autres sont partis sur d’autres missions, mais beaucoup aimeraient revenir des que possible.

A Islamabad, apres quelques jours de desoeuvrement et remise en question, la coordo s’est vite reorganisee avec les reunions qui se multipliaient avec les exiles de tout acabit : ONG, bailleurs, agences des Nations Unies… et les hordes de journalistes ! Il y a finalement beaucoup a faire quand meme, meme sans pouvoir retourner sur le terrain : rediger de nouveaux proposals, preparer des missions exploratoires sur les pays limitrophes comme l’Ouzbekistan et le Tadjikistan, organiser une caravane pour livrer medicaments et couvertures dans le Panjsher par les montagnes...

En tout cas, nos programmes habituels continuent a tourner a distance, avec nos equipes locales, qui sont toujours sur le terrain et ont fait preuve dans ce tourbillon d’evenements de beaucoup de competence et autonomie, et on lance meme de nouvelles operations avec les financements d’urgence qui pleuvent desormais pour l’Afghanistan…. On reste optimistes et motives malgre tout : les afghans ont besoin de notre aide, plus que jamais. On espere tous bien sur que les operations militaires vont vite s’arreter, et que les conditions de securite nous permettront de retourner rapidement sur le terrain nous-memes, et d’y renvoyer a nouveau des expats…

Virginie Drocourt
sheherazad13@yahoo.com