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Dimanche
9, Jour J-2. On apprend que le commandant Massoud a ete victime d’un attentat.
Toutes sortes de rumeurs contradictoires circulent sur son état de santé.
Ca semble serieux. L’on craint dans le Panjsher et au sein de toute la
résistance une flambée des conflits de pouvoir en interne, des soulèvements
de population dans l’inquiétude, des retournements de vestes chez les
commandants des deux côtés, voire une reprise opportuniste de grandes
offensives vers les lignes de front. De Peshawar, la coordination donne
donc instruction aux deux expatriées actuellement dans la vallee de se
regrouper et commencer à se diriger vers Fayzabad, au Nord de la vallée,
en vue d’une éventuelle évacuation. Tout comme nos employes afghans qui
restent scotches a la radio et vont a la peche aux informations, nous
demeurons a l’affut des nouvelles, un peu tendus.
Mardi, Jour J, 19 heures. La femme de
Philippe, le chef de mission, vient de se faire sortir en catastrophe
de la piscine du club américain ou elle etait avec ses 3 enfants pour
cause de securite suite a evenement tres grave aux Etats-Unis : elle
croise a son retour une expat de la mission qui deboule alors dans le
bureau ou nous sommes encore a plusieurs a travailler, et nous dit qu’un
attentat vient d’avoir lieu au World Trade Center. Nous nous connectons
immédiatement sur internet pourmais n’arrivons qu’a voir la fameuse photo
des tours en feu. Le réseau est totalement engorgé, nous nous precipitons
donc dans la maison à côté, chez Philippe, pour regarder les infos a la
télé satellite.
Ca fait plus d’une heure que les avions
ont percuté les tours jumelles et elles viennent de s’effondrer en direct…
Comme partout dans le monde, nous restons deux bonnes heures bouche bée,
agglutinés devant l’écran, totalement ahuris et effarés devant les images
effroyables de CNN et la BBC. Philippe avoue qu’il avait cru les 5 premieres
minutes a la bande annonce d’un nouveau film de Hollywood… Très vite,
BinLaden et l’Afghanistan sont montrés du doigt. On a vite compris que
ça sentait très fort le roussi quand le gouvernement taliban a été si
prompt à annoncer puis donner une conférence de presse, ce qui n’est certes
pas dans leurs habitudes… Nous sommes donc désormais clairement en ligne
de mire. Ouh là ! Les foudres de l’Amérique sont en train de se diriger
en plein sur nous !
21 heures. Après le choc initial, grand
temps de passer à l’action. Branle-bas de combat : deux heures de
frénésie totale suivent, entre coups de fils, discussions animées, réunions
de cellule de crise et grands débats sur la stratégie à adopter et les
mesures concrètes à prendre : entre nous sur place, avec les autres
ONG du quartier, et surtout avec le siège à Paris… Première tâche :
identifier et localiser exactement nos expats actuellement à l’intérieur
de l’Afghanistan. Nous sommes 5 à Peshawar, 2 en vacances, et il en reste
donc 10 sur le terrain répartis sur tout le territoire, certainement totalement
inconscients de la gravite ce qui vient de se passer et de l’ampleur des
répercussions possibles. On s’organise et on se répartit les « ramassages »
d’expats par zone, avec Solidarités notamment, souvent présents sur les
mêmes zones que l’AMI. Mot d’ordre initial : pour Kaboul : partir
au plus vite pour Jalalabad a l’Est dans la direction de Peshawar, et
pour les terrains : rejoindre au plus tot les villes regionales les
plus proches : Jalalabad pour l’Est, Mazar-e-Sharif pour le Nord,
et Fayzabad pour le Panjsher. De la, tacher de sortir d’Afghanistan d’urgence
par tous les moyens disponibles: avion CICR ou UN pour rejoindre Peshawar,
ou par la route vers les pays limitrophes si pas d’avion ou de place dispo.
Où
sont nos expats ?
Toute la soiree,
on essaie de joindre tout le monde par téléphone satellite pour les informer
et confirmer l’urgence de la situation. Pas si facile, vu qu’il nous est
interdit par le gouvernement pakistanais d’avoir une radio sur Peshawar,
alors que de nombreux terrains éloignés ne disposent justement que d’une
radio comme moyen de communication, que les téléphones satellites ne sont
presents que sur les bases regionales et rarement branchés le soir et
de nuit. On n’arrive à joindre personne : pas de réponse à Mehterlam,
personne à Mazar-e-Sharif, et pas de réponse non plus à Kaboul ni dans
le Panjsher. Aucun moyen de joindre directement les terrains plus isoles
dans le Hazaradjat, le Nord et la Kunar : il faut que quelqu’un en
Afghanistan les joigne par radio. On apprend finalement par une autre
ONG que nos deux expats de Kaboul sont comme on s’en doutait au bar du
club UN (qui dispose d’une tele –clandestine- avec CNN ; ils ont
donc du y apprendre les evenements), mais qu’ils y sont coinces avec beaucoup
d’autres par des barrages de talibans au-dehors… Flip!…
23 heures. On continue a faire le pied
de grue aupres du telsat a essayer de joindre tout le monde et dans la
foulée, on rédige et on envoie l’e-mail avec ordre d’évacuation générale
immédiate de tout le territoire, et récapitulatif de toutes nos instructions
détaillées, pour chacun des terrains… Difficile de garder son sang-froid
dans cette incertitude !
Enfin on finit par avoir Kaboul au telephone :
ils ont reussi a rentrer a la guesthouse, mais y sont maintenant cantonnes
par le couvre-feu jusqu’au moins 4 heures du matin. Longs echanges d’informations
et d’instructions pour organiser le depart de Kaboul au plus vite, avant
que la ville ne soit isolee ou des barrages montes pour empecher de sortir,
ou que la situation ne se deteriore contre les occidentaux. Ramasser toutes
les affaires que les expats ont laissees dans la maison, les entasser
dans la voiture, rediger une note detaillee d’explications pour le personnel
afghan du bureau, contacter les autres ONG de Kaboul par radio pour verifier
ce qu’elles font, puis a 5 heures du matin, passer vite au bureau laisser
la note en demandant de joindre par radio tous les terrains au contact
habituel de 8h30 pour repeter les instructions d’evacuation et tacher
de contacter Peshawar, effacer les e-mails en memoire, rapatrier les voitures
en lieu sur, cacher l’argent et le materiel, et surtout garder le contact
pour attendre nos nouvelles instructions. Puis passer prendre l’unique
quidam de Solidarites present a Kaboul, et grand depart precipite pour
les 8 longues heures de piste jusqu'à Peshawar.
Kaboul
brûle-t-il ?
Mercredi a l’aube,
J+1. Au petit matin a Peshawar, apres une nuit presque blanche, gros coup
de chaleur quand on apprend sur internet qu’il y a eu des explosions sur
Kaboul, et nos deux expats nous confirmeront qu’ils ont passe une partie
de la nuit sur le toit a voir les eclairs et ecouter les lointaines detonations…
Quel bapteme afghan pour Olivier, qui venait tout juste d’arriver sur
Kaboul le matin-meme apres deux mois d’attente de son
visa et moult negociations avec le vice-consul taliban de
Peshawar!
Pour la region Nord, 3 expats. C’est Solidarites
qui organise leur rapatriement, puisque nous partageons un bureau avec
eux a Mazar-e-Sharif. Leur equipe dans la lointaine campagne de Ruy-Doab
dans le Hazaradjat doit passer prendre en route notre sage-femme isolee
a Kamard, point de depart de cliniques mobiles, puis remonter sur Mazar ;
mais il y a deux jours de route au total. Notre equipe de deux sur le
centre de nutrition de Sholgara, a seulement deux heures au sud, recoit
egalement ordre de revenir d’urgence sur Mazar, et de se faire faire rapidement
des visas turkmens en cas d’evacuation obligee par route pour le Turkmenistan.
Le Panjsher nous appelle enfin :
notre infirmiere est a l’abri a l’interieur de la vallee, dans la base
arriere de Safed Cher, mais la sage-femme tout juste arrivee dans la zone
quelques jours plus tot est encore dans une clinique plus au Nord. Il
faut vite se regrouper et tacher de continuer la route vers Fayzabad au
Nord, ou se trouvent de nombreuses ONG, une base de la Croix-Rouge et
un aeroport avec des liaisons sur Peshawar. Et de la, au pire, s’il n’y
a pas d’avion, il est toujours possible de rejoindre par la route le Tadjikistan
voisin.
Enfin pour l’Est, 3 expats egalement dans
la nature. La technicienne de laboratoire avait quitte Jalalabad a l’aube
pour inaugurer le nouveau laboratoire de la clinique de Kakas. Incertitude
a Peshawar sur un medecin qui avait prevu de passer deux jours au lointain
hopital de Chagasary dans la Kunar, a une journee de route vers le Nord,
mais puisqu’on n’a pas reussi a joindre directement Mehterlam, on ne sait
pas s’il est deja revenu a la base. En fait, au petit matin de mercredi,
il etait tranquillement en train de prendre le petit-dejeuner a Mehterlam
avec l’infirmiere qui travaillait sur l’hopital de la ville, quand juste
avant le contact radio prevu avec Kaboul, ils recoivent un appel du CICR
de Jalalabad s’enquerant de ce qu’ils faisaient. Laurette pensait innocemment
qu’ils parlaient des plans du week-end, et c’est donc de cette maniere
qu’ils ont appris qu’il y avait eu de graves evenements et qu’il fallait
contacter d’urgence leurs bureaux. Le personnel afghan de Kaboul, arrive
au bureau entre deux et ayant decouvert toutes nos instructions sur papier
et e-mail, a pu alors contacter tous les terrains par radio. Nos deux
lascars n’ont meme pas pris le temps de lire les e-mails : ils ont
ramasse toutes les affaires dans la base, demonte le disque dur de l’ordinateur,
emporte le telephone satellite, et ont saute dans la voiture pour rejoindre
la maison de l’ONG francaise Madera a Jalalabad, point de rencontre prevu
avec l’equipe de Kaboul qui avait du partir a l’aube (mais dont on etait
toujours sans confirmation qu’ils avaient bien deguerpi le plancher kabouli).
Inquiétude
à Peshawar : donnez signe de vie, de grâce ! ! ! !
13 heures. On tournait
en rond d’angoisse au bureau de Peshawar, à attendre des nouvelles.
Enfin un appel: c’est l’equipe de Kaboul. Ils ont pu sortir ce matin sans
encombre de la ville, sans rencontrer de barrage taliban, et sont maintenant
a Jalalabad avec la technicienne de labo, au courant de rien, recuperee
a la clinique de Kakas (juste le long de la route a mi-chemin entre Kaboul
et Peshawar, et donc notre etape-point d’eau obligee), et les 2 medicaux
de Mehterlam retrouves chez Madera. Ouf ! Deja 5 de regroupes !
On renvoie le telephone satellite a Kaboul pour que le bureau puisse communiquer
avec Peshawar. Plus que 3 heures de route et le passage de la frontiere
pakistanaise a Torkham (ce qui n’est jamais gagne d’avance !), ou
un employe de peshawar attend en stand-by pour les recuperer et traverser
la derniere droite : la zone tribale avant Peshawar...
17 heures, moins de 24 heures apres les
evenements, nos 5 premiers evacues des regions Centre et Est arrivent
enfin, sans encombre au bureau de Peshawar, sous les acclamations et au
soulagement de tous… 50% de l’equipe a rapatrier est saine et sauve…
Jeudi, J+2. Deux officiers des services
de renseignement pakistanais passent au bureau avec la liste des 5 expatries
qui ont passe la frontiere hier, pour verifier qu’ils sont bien arrives
a destination et combien encore sont attendus. La securite dans University
Town, le « ghetto expat » residentiel de Peshawar ou vivent tous
les occidentaux, est egalement
serieusement renforcee : des policiers armes patrouillent en 4x4
les rues du quartier, presence qui finalement rassure quand meme plus
qu’elle ne gene...
Il en reste encore 5 sur le terrain. Les
deux de Sholgara sont arrives a Mazar et attendent leur collegue de Kamard,
toujours en route avec les Solaf. Ils organisent le bureau pour le depart
et comme on ne sait pas quand un expat va pouvoir revenir, payent d’avance
les employes afghans pour un mois entier. Dans le Panjsher, les deux filles
essaient toujours de se rejoindre, ce a quoi elles parviennent jeudi.
Mais les choses se compliquent : elles tentent de sortir avec deux
jeeps de la vallee du Panjsher pour aller dans le Badakhchan, ou se trouve
Fayzabad. Mais un barrage improvise des forces de l’alliance du Nord refuse
de les laisser passer : ils reclament un nouveau permis de sortie,
instaure seulement depuis l’attentat de Massoud quelques jours plus tot.
Catastrophe. Il faut redescendre a pres d’une journee de route vers le
sud pour obtenir ce permis. Retour sur la base de Safed Cher pour les
deux filles, et un afghan devoue va continuer la route le soir pour aller
reveiller le mollah deja couche, lui faire signer les papiers d’urgence,
et remonter dans la nuit a Safed Cher avec les autorisations…
Vendredi, J+3. Nouvelle tentative de passage
avec les permis et c’est OK ; il faut quand meme deux jours de route
au total pour rejoindre Fayzabad… A Peshawar, on fait le siege de la Croix-Rouge
car on s’inquiete de leur planning des vols. D’abord suspendus, ils ont
ensuite repris mais au compte-goutte, car eux-memes n’arrivent plus a
obtenir les permis d’atterrissage et decollage ni des garanties suffisantes
que l’espace aerien et les pistes d’aeroports sont securises. Il est impossible
de savoir quels vols vont pouvoir etre effectues, depuis Mazar ou depuis
Fayzabad, ni avoir confirmation des places disponibles et reservations
pour les personnel d’ONG qui peuvent y acceder gratuitement. Idem pour
les avions des Nations Unies, qui decretent d’abord ne vouloir transporter
que le personnel UN, puis acceptent eventuellement de prendre d’autres
expatries, mais toujours a leur tarif prohibitf de pres de $400, un vrai
scandale en cas d’evacuation d’urgence comme c’est le cas ! Par ailleurs,
on commence deja egalement a negocier et echanger tous les billets d’avion,
pour pouvoir faire rentrer plus tot en France les expatries evacues sur
Peshawar… C’est la panique et la ruee pour trouver des billets, les places
sont rares et cheres ! Vendredi en debut de soiree, surprise :
les deux expats de Sholgara debarquent a Peshawar, sans preavis :
ils ont reussi en derniere minute a attraper un vol CICR de Mazar.
A
J+3, nous sommes 7 sur 10…
3 manquent encore a l’appel !
L’ambassade de France
n’a pas d’instructions officielles, et se contente de reactualiser la
liste des francais evacues et ceux encore en territoire afghan. En revanche,
dans l’urgence, les ONG s’organisent entre elles sur Peshawar : reunion
sur reunion, on monte des coordinations, on partage les informations,
on se tuyaute et se depanne si besoin, on met en place une superbe « chaine
de communication » sous forme d’arbre pour s’informer les uns les
autres en cas de nouvelle info a faire remonter ou circuler, des floppees
d’e-mails s’echangent … Rien de tel qu’une bonne crise pour soudain realiser
ce qu’on n’a jamais reussi a faire depuis des annees…
Samedi, J+4, fin d’apres-midi. On apprend
que les deux filles du Panjsher viennent d’arriver en fin d’apres-midi
sur Fayzabad. Ouf, on espere un avion demain. La sage-femme de Kamard
est egalement arrivee sur Mazar, et vu l’incertitude totale sur les vols,
un depart est prevu en voiture pour la frontiere turkmene, avec les deux
derniers expats de Solidarites. On commence a se rassurer, meme s’il ne
faut pas vendre la peau de l’ours etc… Cependant, l’ambiance a Peshawar
est morose. Plusieurs des evacues sont encore sous le choc d’un depart
si precipite, laissant en plan les programmes a peine engages et sans
avoir pu dire au revoir aux afghans avec qui on travaillait tous les jours…
Sentiment d’abandon, peur surmontee dans la precipitation, angoisse de
ceux encore coinces en Afghanistan, horreur des images decouvertes a la
tele, incertitude sur qu’il va advenir dans les jours et semaines qui
viennent, et la perspective d’un rapatriement premature en France avec
toutes les questions sur la suite, stress plus ou moins exprime ou internalise :
beaucoup d’emotions confuses a la soiree de samedi soir sur Peshawar ou
nous retrouvons de nombreux collegues evacues des autres ONG : ou
en etes-vous ? Vous en avez encore sur les terrains ? Qu’allez-vous
faire ensuite ? Beaucoup de questions et de fronts soucieux…
Dimanche, J+5. La Croix-Rouge a finalement
bien un vol sur Fayzabad aujourd’hui, le dernier. Nos deux filles arrivent
sourire aux levres vers midi, enfin parvenues saines et sauves au terme
de leur periple… Et une heure plus tard arrive notre sage-femme de Kamard,
qui a finalement pu prendre un avion a Mazar affrete par les Nations Unies…
Ca y est, ouf, victoire : evacuation reussie… Nous sommes tous reunis !
Il aura quand meme fallu 5 jours au total pour recuperer tout le monde…
Grande reunion improvisee avec l’equipe expat au complet (ce qui en temps
normal n’arrive jamais…) pour d’abord faire une grande seance memorable
de photos de famille de tous les expats autour de la 4x4 AMI, s’echanger
nos aventures et e-mails perso respectifs, puis surtout parler des suites
de cette evacuation. Les rapatriements en France sont anticipes :
premier depart le soir-meme, et tout le monde va suivre dans les deux
jours, sauf le chef de mission et les trois membres de l’equipe de coordination,
qui vont rester au Pakistan pour gerer la suite…
Dimanche
soir, enorme soupir de soulagement des bergers :
le troupeau est enfin rassemble, au complet!
Mardi, J+7. Tous
les ressortissants britanniques viennent d’etre evacues, ainsi que le
personnel des UN, ce qui n’est pas bon signe. Le quai d’Orsay nous recommande
vivement de nous eloigner de Peshawar des aujourd’hui, on va donc partir
en exil a 200km de la dans la capitale administrative Islamabad. On lache
les derniers expats terrain a l’aeroport, dernieres copies de tous les
documents, ficelage des bagages, aurevoirs emus a l’equipe afghane du
bureau de Peshawar -plutot angoissee de nous voir ainsi tous partir-,
et nous prenons la route a 4 pour tacher de continuer l’aventure a distance
depuis Islamabad…
Et apres ? A Paris, l’equipe evacuee
s’est retrouvee au bureau dans les jours qui suivaient, et une fiesta
pour les nostalgiques a meme ete organisee a l’AMI pour les « anciens
de l’Afgha », AMI, Solaf, ACF et autres confondus… Certains ont repris
leur vie francaise, d’autres sont partis sur d’autres missions, mais beaucoup
aimeraient revenir des que possible.
A Islamabad, apres quelques jours de desoeuvrement
et remise en question, la coordo s’est vite reorganisee avec les reunions
qui se multipliaient avec les exiles de tout acabit : ONG, bailleurs,
agences des Nations Unies… et les hordes de journalistes ! Il y a
finalement beaucoup a faire quand meme, meme sans pouvoir retourner sur
le terrain : rediger de nouveaux proposals, preparer des missions
exploratoires sur les pays limitrophes comme l’Ouzbekistan et le Tadjikistan,
organiser une caravane pour livrer medicaments et couvertures dans le
Panjsher par les montagnes...
En tout cas, nos programmes habituels
continuent a tourner a distance, avec nos equipes locales, qui sont toujours
sur le terrain et ont fait preuve dans ce tourbillon d’evenements de beaucoup
de competence et autonomie, et on lance meme de nouvelles operations avec
les financements d’urgence qui pleuvent desormais pour l’Afghanistan….
On reste optimistes et motives malgre tout : les afghans ont besoin
de notre aide, plus que jamais. On espere tous bien sur que les operations
militaires vont vite s’arreter, et que les conditions de securite nous
permettront de retourner rapidement sur le terrain nous-memes, et d’y
renvoyer a nouveau des expats…
Virginie Drocourt
sheherazad13@yahoo.com |