 |
 |
 |
 |
N°88 / Lundi 24 novembre 2003 |
SOCIETE
|
Francis Mer touchera 30 millions d’euros en quittant
le Gouvernement
Le parachute doré du ministre de l’Economie
Par Bertrand Legorec
 |
 |
 |

Le sympathique Francis Mer |
Francis Mer a négocié sa participation au Gouvernement contre
une indemnité de départ de 30 millions d’euros, aux frais du contribuable.
A l’heure où le Premier ministre chute inexorablement dans les sondages,
le dernier scandale qui touche son Gouvernement risque bien de le
faire sombrer définitivement : Francis Mer, ministre de l’Economie,
aurait négocié sa participation au Gouvernement Raffarin contre
une indemnité de départ de 30 millions d’euros. L’information serait
restée secrète si le Conseil d’Etat n’avait découvert une anomalie
dans le budget 2004 : 30 millions soustraits à l’argent de la nation
par une série d’opérations comptables. Acculé, le secrétaire d’Etat
au Budget a avoué s’être rendu complice de la machination, « sur
ordre du chef de l’Etat en personne. » Francis Mer, ancien patron
dans le privé, est un habitué de ces pratiques, qui ne le gênent
en rien : « J’ai gardé secrète l’existence de cette indemnité pourtant
légitime car le Premier ministre me l’a demandé, mais je n’ai aucun
problème pour en parler. J’ai négocié mon entrée au Gouvernement
comme dans n’importe quelle entreprise, à cette nuance négligeable
que cette fois-ci, l’entreprise s’appelle ministère de l’Economie.
Peu m’importe par quel biais le Gouvernement se procurera la somme
au moment de mon départ, mon contrat, négocié en toute transparence
aux yeux de la Loi, précise qu’il s’engage à me la verser. »
Ainsi, quand Francis Mer quittera le Gouvernement, il touchera bel
et bien ses 30 millions d’euros, indépendamment de son bilan, qui
ne s’annonce pourtant guère reluisant. Dans la classe politique,
les réactions d’indignation se multiplient. Le PS, par la voix de
son Secrétaire général, condamne « des pratiques inadmissibles et
révélatrices de la cupidité des hommes de droite. » Moins prosaïquement,
Noël Mamère parle d’une « escroquerie d’état aux frais du contribuable
», et Olivier Besançenot de « magouille gerbante ». Seul Jean-Marie
Le Pen semble saluer la nouvelle : « Je félicite monsieur Mer, qui
signe par son geste la mise à mort de mon dernier adversaire politique
en France. » En effet, sans donner raison au leader de l’extrême
droite, le parachute doré du ministre de l’Economie risque bien
d’entériner de façon définitive le divorce des Français et de leurs
politiques.
|